• Nous débarquons donc chez notre Couchsurfeur, dans le centre de Malaga, en ce samedi soir un peu pluvieux. C'est un Anglais. Encore, oui, je sais. Je n'aurai définitivement pas rencontré beaucoup d'Espagnols en Espagne.

    Mais ce type n'est pas juste un Anglais. C'est aussi un type complètement déchiré (et pas qu'à l'alcool, je pense), et apparemment très riche, vu la taille de l'appartement et les billets de 50 euros qui traînent sur la table de la cuisine. Une situation un peu loup-phoque donc, et nous contenons nos rires en découvrant cet homme et ce lieu tous deux parfaitement inattendus.

    Sebastian (c'est son nom, comme celui du couchsurfeur de Grenade) nous offre une bière et commence à nous parler de plein de choses. Il passe de sujet en sujet avec des transitions approximatives, il parle, il parle, il débite sans s'arrêter. Un quasi monologue de plus d'1 heure. Au bout d'un moment, Thomas commence à faire comprendre qu'il va aller se coucher. Sebastian déclare alors qu'il irait bien, quant à lui, boire un verre dehors ; ce à quoi je réponds immédiatement que je suis de la partie : merveilleuse opportunité de poursuivre la soirée tout en mettant fin au monologue ! Thomas décide finalement de nous suivre.

    Nous rentrons vers 1h et dormons peu après. Vers 8h30 du matin, je suis réveillé par la sonnette d'entrée de l'appartement qui résonne avec insistance. J'entends Thomas qui ouvre la porte et qui parle à quelqu'un. Vers 10h, je croise Sebastian dans l'appartement qui m'annonce qu'il va se coucher... Thomas m'expliquera que c'est à lui qu'il a ouvert la porte à 8h30. Sebastian est probablement ressorti toute la nuit pendant notre sommeil, il n'a donc pas encore dormi !

    Il se réveille vers 16h. Net. Il s'excuse et certifie que ce que nous avons vu hier soir ne le représentait pas du tout. Nous répondons (en le pensant) qu'il n'y a aucun problème et que la soirée a été agréable. Nous constatons que le fait de parler beaucoup chez ce personnage n'a pas franchement de rapport avec son taux d'alcool dans le sang. Mais rien d'envahissant non plus. Le soir, il nous emmène dans un bar à tapas haut de gamme. Une fois face à la carte, il annonce qu'il nous invite et que nous prenons ce que nous voulons sans nous soucier des prix. Le repas est absolument délicieux et nous remercions chaleureusement notre hôte pour cette invitation.

    Nous nous endormons bientôt avec, pour ma part, une pensée à mes résultats d'examen dont j'ai parlé avant, qui arrivent demain par mail...

    Après une longue nuit de sommeil, j'ouvre donc ma boîte mail dans le but de confirmer mon statut de prof de français langue étrangère, espérant même une mention. Mais là, stupeur : 9,2/20 ! Je suis recalé ! Je reste figé devant mon écran, les yeux écarquillés, un faux sourire incrédule et nerveux. Je relis le bulletin de notes, mais il n'y a rien à relire, c'est bien ça, j'ai raté l'examen. Et tout en me sentant abattu par ce nouvel imprévu (mais quel imprévu !), je comprends petit à petit le sens de tout ça. Ma réaction en dit long... Le fait que je sois tellement pris de court montre à quel point je ne m'attendais pas une seule seconde à échouer. J'étais beaucoup trop confiant. J'ai abordé cet examen avec l'idée d'en finir avec les études, de boucler un diplôme de plus avec mention et d'enfin repartir voyager. J'ai complètement sous-estimé cette épreuve et me voilà vautré dessus comme pas une seconde je n'avais pu l'envisager...

    Mes amis, de toute cette liste d'imprévus étalée sur 2 articles, j'ai gardé celui-là pour la fin : je reviens en France. Pas pour des raisons qui m'enchantent, vous l'aurez compris, mais je reviens. Il me faut étudier de nouveau et repasser ce foutu examen en juin. Début mars au plus tard, vous me verrez débarquer d'abord à Paris, puis en Rhône-Alpes rapidement. D'ici là, je suis à Barcelone, dans la gigantesque maison de ce Hollandais parti en voyage. Je travaille un peu dans la maison, j'écris pas mal, je fais de la récup' de fruits et légumes. Bref, j'apprécie comme je peux. Mais pas à 100%, conscient du contenu des mois à venir... Le positif là-dedans, c'est d'être près de vous !

    D'ici là, je vous posterai de nouveaux écrits. Et j'insiste sur "nouveaux"... ;)

    A bientôt.


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  • Le "LECT" entre crochets, c'est pour "L'encre coule toujours", la rubrique où je vous livre quelques-uns de mes textes de temps en temps. Je viens de me rendre compte en l'écrivant dans le titre que ça peut aussi être l'abréviation de "lecture", ce qui tombe très bien :)

    En décembre dernier, j'ai mis Kash Prex à la retraite. Je ne me sens plus dans la même démarche qu'avant, je ne me reconnais plus dans le rap que j'ai créé pendant ces 9 ans. La fin d'une ère. J'ai même envisagé de ne plus avoir envie d'écrire. En fait, je crois que cette manie de mettre les choses en textes, qu'il s'agisse de rap, de nouvelles, de chansons diverses ou de je ne sais quelle autre forme, n'est pas prête de me lâcher. Et ce n'est pas pour me déplaire !

    Le nouveau s'appelle "Ah bon ?". Et il écrit de la chanson. Problème : je ne chante pas très bien. Pas pour le moment, en tout cas. Mais du coup, j'y travaille, et quand on part d'un petit niveau, on s'améliore très vite, ce que je suis en train de faire. Cependant, je vais pour le moment me contenter de vous livrer deux textes à lire et laisser les potentielles versions audio de côté. On verra plus tard ! Bonne lecture.

     

    Y a pas de route

     

    Intro

     

    Retour aux évidences

    Les montagnes qui t'entourent, les sommets qui t'invitent

    L'odeur de la délivrance

    Et toi posé ici

     

    Le vent te fait ses confidences

    Excite le ciel et fait danser les arbres

    Sous ses airs d'inconsistance

    Te souffle des réponses

     

    Refrain

     

    Y a pas plus de route qu'il n'y a de loi dans les rêves

    Y a le monde à tes pieds, l'amour à portée de lèvres

    Y a ces choses qu'on n'apprend pas tant qu'on reste un élève

    Plutôt qu'un magicien

     

    J'veux être un magicien et faire en quelques pas

    Apparaître des mers des paysages des endroits

    A me faire douter de tout, à me faire croire en eux

    A m'trouver complètement fou d'jamais avoir compris mieux

     

    Couplet 1

     

    Et je marche par instinct de vie

    Pour faire défiler le paysage

    Et je laisse décider la magie

    De ce qui apparaît derrière les virages

     

    Un jour je n'aurai plus rien à rêver

    D'avoir vu tant de si belles choses

    Alors dans un arbre bien trouvé

    Je ferai vivre toute cette osmose

     

    La stabilité, j'ai assez vécu

    Pour comprendre que la vie est mouvement

    Stabilité est-ce vraiment une vertu

    Pour nos vies qui passent comme des coups d'vent ?

     

    Alors pour l'heure, faut honorer c'monde

    Faut le toucher, le regarder, le sentir

    On a tous des désirs qu'on laisse fondre

    Faudrait arrêter d'leur mentir

     

    Refrain

     

    (Passage instrumental)

     

    Couplet 2

     

    Dans des villages au milieu de rien

    Je rencontre des morceaux de moi

    Cachés là en dehors des chemins

    Attendant qu'un jour je les voie

     

    Je repars à chaque fois plus riche

    Visiter d'autres maisons perdues

    M'aventurer sur les terres en friches

    Avec pour attente l'imprévu

     

    Qu'est-ce qu'on est petit, dans l'immuable

    Et qu'est-ce qu'on peut pourtant être plein d'vie

    Même éphémère comme un nuage

    Même fragile comme la première brindille

     

    Je n'veux plus m'égarer dans de la pensée

    Je ne suis pas un ami de la sagesse

    Si je veux m'égarer, c'est dans le monde entier

    A chercher sans connaître d'adresse

     

    Refrain

     

     

    Mytilène

     

    Le vagabond qui vit en moi est né là-bas

    Mon premier désir de l'inconnu, mon rêve à moi

    Mes premiers égarements sur les routes, qui ont fait qu'aujourd'hui je les aime toutes

    Le sourire aux lèvres face au doute, qui fait sa loi

     

    L'autostop qui ne marche pas, sur les routes du nord

    Des heures à compter les voitures, alors que toutes t'ignorent

    Vient la nuit d'un février glacial, les voitures foncent dans le noir total

    Toi faut qu'tu marches au bord d'la nationale, le goût du sport

     

    Σε χερετώ Μυτιλήνη, σε χερετώ Ελλάδα

    Μυτιλήνη

     

    Les colocs avec des gens d'partout, et puis les Grecs

    Les grands festins dans les tavernes, de si belles fêtes

    Quand toute la taverne reprend en choeur, des chants traditionnels durant des heures

    Et qu'ça danse et qu'ça respire l'bonheur, souvenirs de rêve

     

    Alors moi aussi j'ai partagé du cadeau bien français

    A 20 autour d'la fondue savoyarde, tableau insensé

    Entassés dans ma chambre-salon, ça s'bousculait autour du fromton

    Les potes qui engloutissent avec passion, je les revois inchangés

     

    Σε χερετώ Μυτιλήνη, σε χερετώ Ελλάδα

    Μυτιλήνη

     

    Y avait les soirées à Bobiras, à boire des rakis

    Ca fermait à 3h du matin, pour commencer la nuit

    Après tout le monde se retrouvait dehors, à boire encore des bières jusqu'aux aurores

    Au matin on rentrait ivre-morts, et le soir c'est reparti

     

    Et bien sûr y avait aussi les filles, d'un soir ou deux

    Comme dans n'importe quels souvenirs de baroudeur

    Celles dont on ne connaît pas le nom, celles que l'on croit aimer pour de bon

    Celle qui joue à te prendre pour un con, un sale coup de coeur

     

    Σε χερετώ Μυτιλήνη, σε χερετώ Ελλάδα

    Μυτιλήνη

     

    Si on avait des voitures sous la main, on partait camper

    Sur toutes les belles plages du sud de l'île, des weekends entiers

    Y avait souvent une guitare ou deux, pour nous bercer à côté du feu

    Et puis le soleil rouvrait nos yeux, la mer Egée devant le nez

     

    Je m'étais aussi fait des potes dans le rap, et on a commencé

    A jouer à 5 dans les bars, rap gréco-français

    D'une habitude à moi trouvée marrante, notre nom de scène fut trouvaille évidente

    On s'appelait les Chaussettes différentes, on le clamait aux concerts

     

    Σε χερετώ Μυτιλήνη, σε χερετώ Ελλάδα

    Μυτιλήνη

     

    Mytilène je reviendrai peut-être

    Goûter à l'ambiance de tes rues

    Revoir un peu toutes ces belles têtes

    Qui ne te quitteront sans doute plus

     

    Je pense à Moro, cuistot d'grande classe

    Et ses mélodies au bouzouki

    Thanassis, Vassilis, Kostas

    Et aux autres sans doute partis

     

    Σε χερετώ Μυτιλήνη, σε χερετώ Ελλάδα

    Μυτιλήνη

     


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  • Bon, j'ai annoncé récemment mon retour en France, mais j'ai aussi expliqué qu'il me restait un petit mois avant de mettre fin à ce séjour espagnol. Et il se trouve que ce weekend, j'ai eu de quoi retrouver un vrai sourire, ce qui fait quand même du bien après un parcours jusqu'ici mitigé en Espagne. Alors je voulais vous raconter ça.

    J'ai rencontré une certaine Laia, une fille adorable qui m'a proposé de l'accompagner dans un village pour un weekend avec une petite trentaine d'enfants et une dizaine d'animateurs. Il y a toujours besoin d'un peu d'aide, notamment pour cuisiner, m'a-t-elle dit. Pour moi qui commençais à manquer de mouvement, il n'y a pas eu à hésiter : coucher à 4h après la soirée de vendredi, lever à 7h30, et nous voilà partis !

    En fin de matinée, nous sommes donc à la Pobla de Claramunt, petit village au cœur de la Catalogne, dans une grande maison avec un dortoir à l'étage et un grand terrain ; un lieu parfait pour recevoir un groupe d'enfants. Ils ont de 6 à 18 ans, la plupart tournant autour de 8-12 ans. Comme j'ai déjà travaillé avec des enfants de cet âge, je trouve rapidement que ce groupe a quelque chose de spécial, quelque chose de plus. Je ne vois pas de trace de cette "cruauté des enfants" dont on parle parfois. Je vois du respect et de la tendresse, même entre grands et petits, des jeux qui n'excluent personne, des bisous gratuits. Au fil de la journée, je vois que mes observations sur le comportement des enfants entre eux sont en fait tout autant valables du côté des animateurs. A aucun moment un adulte ne prend un enfant de haut, ne lui donne un ordre, ne le gronde. Tout au plus, on voit deux êtres humains qui s'expliquent, et toujours avec un respect mutuel palpable. Mais dans l'ensemble, il n'y a même pas besoin d'explication : les choses se passent très bien par elles-mêmes, souvent avec jeu et de tendresse.

    J'assiste à tout ça avec surprise et plaisir, et je passe du temps à observer ces interactions en faisant beaucoup de rapprochements avec mes études passées en Sciences de l'éducation. C'est agréable de passer de la théorie à la pratique ! Et de voir que ce que l'on lit et écrit peut exister, quelque part, dans la réalité.

    La première activité est un jeu de pistes. Il faut retrouver des personnes ayant décidé d'aller vivre seuls dans la nature, chacun de son côté. Ce sont en fait des animateurs qui jouent ces rôles. Des affiches comme celles-ci sont postées à l'entrée de la maison :

    Les enfants partent en groupes à la recherche de leurs animateurs et l'on en profite pour se promener un peu. On les retrouve assez vite, et chacun explique aux enfants les raisons pour lesquelles il/elle est parti(e) vivre dans la nature : raisons spirituelles pour l'une, rapport au corps pour une autre, rapport au savoir et aux émotions pour les 2 derniers.

    Il s'agit en fait de faire comprendre aux enfants que tout n'est pas dans la société, qu'il faut savoir chercher par soi-même des éléments de bien-être qui peuvent n'être inculqués par personne, ou en tout cas ni par l'école ni par la télé. Je ne saurais pas détailler plus que cela le discours qui a été donné parce que tout se passait en catalan, mais l'orientation globale de cette activité m'a semblé vraiment bien vue.

    Ici, petite session musicale avec une guitare et un "cajon" (cette percussion sur laquelle Laia est assise), pendant que d'autres enfants et animateurs (et moi !) jouent au foot.

    Le soir, je m'occupe donc de la cuisine avec l'aide de Laia. J'étais un peu impressionné par l'idée de cuisiner pour 40 personnes, mais au final, rien de très compliqué : des sachets de soupe dans une dizaine de litres d'eau et des steaks hachés dans une grande poêle qui pouvait en contenir 12-13. En 3 fournées, nous voilà prêts à manger !

    Et le repas... Un sacré scénario ! Les animateurs ainsi que 2 ados de 18 ans et moi faisons un jeu. Chacun a un papier avec une instruction. Par exemple : quand quelqu'un demande le sel, tu te lèves et tu chantes telle chanson. Mais ensuite, une autre personne a le papier suivant : quand quelqu'un chante telle chanson, tu demandes le silence et fait une déclaration d'amour à telle personne. Et quelqu'un a ensuite une autre instruction, et ainsi de suite. Le tout sous les yeux de tous, sachant que les enfants ne sont pas au courant qu'il s'agit d'un jeu. Ils pensent juste que, sans aucun doute, ces adultes sont définitivement fous ! Bref, cela ajouté à l'habituelle ferveur d'un groupe de 30 gamins lorsqu'il s'agit d'animer une salle pendant un repas, et vous imaginez la scène complètement absurde que l'on peut obtenir. Un vrai régal !

    L'instruction qui m'a été donnée était de me lever et de crier "Visca el cao!" ("vive le chaos !") lorsque deux animatrices faisaient une danse spéciale avec les pieds ; mission accomplie avec brio :)

    Le soir, quand les enfants dorment, petite soirée entre adultes avec musique, jeu (on ne compte pas les points "parce qu'on s'en fout de savoir qui gagne"), bières et moscatel. En prime, session maquillage des petites têtes endormies dans les dortoirs pour créer quelques surprises au réveil... Très drôle, ça aussi !

    Le lendemain, dimanche, des parents d'enfants et d'animateurs nous rejoignent pour manger des calçots, un mets typiquement catalan. Il s'agit d'une variété d'oignons que l'on grille au barbecue et que l'on trempe dans une sauce faite notamment de tomate, d'amande et de poivron.

    But dans les arrêts de jeu

    Bien content de me retrouver (enfin) immergé dans la culture locale, je savoure ce repas comme il se doit, et il faut bien le dire, c'est délicieux. Simple et délicieux. Les animateurs continuent quant à eux leurs activités burlesques en parsemant le repas de divers chants et danses inattendus. Très drôle encore une fois !

    Puis l'endroit se vide petit à petit, les familles repartant vers Barcelone. Le soir, je rentre à la grande maison où Thomas est resté ce weekend. Épuisé. Épuisé, mais content d'avoir vu ce que j'ai vu, vécu ce que j'ai vécu, goûté ce que j'ai goûté, rencontré qui j'ai rencontré. Voilà. L'imprévu, ça ne pouvait pas être que mauvais, ce n'était pas possible. Ce weekend, c'était la confirmation qu'il fallait rester 1 mois de plus malgré les mauvaises nouvelles, c'était la réussite quand on ne l'attend plus, c'était un but dans les arrêts de jeu. Et plus simplement, c'était un rappel au sourire d'être un voyageur qui trimbale son sac sans vraiment savoir où il le posera le jour suivant. A moi la route !


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  • Salut les amis ! Me revoilà, quelques mois plus tard, avec encore des choses à vous raconter. De l'imprévu, de la rencontre, de la galère, de la bonne surprise, de la coïncidence... Bref, de la vie ! J'ai débuté cet été par un petit mois de vadrouille, mais uniquement en France cette fois-ci. Et je vais commencer par vous parler d'un endroit où je suis déjà allé en septembre ou octobre dernier et que je n'avais pas pris le temps de vous présenter sur le moment... Pourtant, il en vaut sacrément la peine !

    C'est l'histoire d'un jeune chercheur au CNRS qui plaque tout du jour au lendemain et part s'acheter un terrain dans la Creuse, au milieu de rien. Si si, ça existe. Il s'appelle Samuel, et ça fait plus de 2 ans que, petit à petit, il construit tout le nécessaire à un mode de vie aussi autonome que possible. Bien sûr, l'indépendance totale ne s'obtient pas comme ça (en admettant qu'elle soit possible...), et ce projet s'inscrit dans le long terme. Seulement, il existe une pratique de plus en plus connue à travers le monde qui s'appelle le WWOOFING et à laquelle Sam a énormément recours. Du coup, de mai à novembre, il y a fréquemment 10 à 20 personnes à Ropato (c'est le nom du terrain et du projet), venant du monde entier. C'est d'ailleurs là-bas que j'avais rencontré Thomas, le Hollandais avec qui j'ai ensuite voyagé en Espagne. Voilà pour les bases du projet. Maintenant, bonne nouvelle : je vous avais dit que je demanderais un appareil photo pour mon anniversaire, n'est-ce pas ? Et bien je n'ai même pas eu besoin de demander, ma mère lit le blog ! Voici donc, sous vos applaudissements, Ropato !

     

    Bien sûr, une des premières étapes vers l'autonomie est la nourriture. Et comme Sam accueille beaucoup de monde, ses potagers ne se font pas dans la demi-mesure.

    Il a aussi réalisé plusieurs petites constructions, à la force de ses mains, de celles des WWOOFERS et d'outils basiques.

    J'ai participé à la constructions de ce garage. C'est plus de travail qu'on peut le penser : abattre les arbres, les découper en poteaux, les écorcer, creuser les fondations pour chaque poteau, faire le béton des fondations (sans bétonneuse), monter les poteaux et le toit. On arrive facilement à 1 mois de travail à 3-4 personnes.

    Et voici les toilettes sèches, construites par Sam. Vues de l'intérieur :

    Ça marche aussi en France 1/2

     

    Les WWOOFERS sont accueillis dans un camp bâché avec le nécessaire pour cuisiner, s'asseoir le soir pour jouer de la musique et/ou boire un verre, et muni de tentes avec de petits matelas plutôt confortables.

    Quant à Sam, il dispose d'une caravane que ses voisins lui ont vendue à un prix dérisoire peu après son arrivée.

    Sam à la débroussailleuse !

    Voilà pour la présentation de Ropato. Evidemment, si quelqu'un est intéressé pour y faire une virée, faites-le moi savoir ! De même, si vous avez des questions, n'hésitez pas.

    J'ai donc passé une dizaine de jours dans la Creuse en ce début d'été, entouré d’Écossais, de Danoises, de Suédois, d'un Anglais, d'une Singapourienne, d'un Portugais etc. Et puis dans tout ce monde, quatre Irlandais en plein périple vers le Maroc à bord d'un gros Land Rover, véhicule de baroudeur par excellence. Je me suis très bien entendu avec eux, si bien qu'au moment de quitter Ropato, ils m'ont tout simplement proposé de partir avec eux vers le sud. Bon, vous commencez à connaître ce blog, alors je ne vais pas vous la jouer "suspense" : oui, je suis parti avec eux.

    Une heure plus tard, je suis à bord du Land Rover avec Mike, Gabriel, Seamus et Manos, mais aussi avec Stin, une Danoise qui s'est également jointe au groupe. Nous ne savons pas vraiment où nous allons, si ce n'est que ça devra se trouver quelque part au sud. J'envisage 2 ou 3 endroits où je pourrais être accueilli, mais avec 5 personnes, j'abandonne vite. Contrainte supplémentaire, nous sommes le dimanche 13 juillet 2014, jour de la finale de la Coupe du Monde de football que la plupart d'entre nous veut absolument voir ! Finalement, notre décision est assez simple : nous nous arrêterons à Clermont-Ferrand pour voir le match puis nous reprendrons la route vers le sud jusqu'à voir la mer. C'est ainsi qu'à 6h du matin :

    Sète !

    Épuisés par ce long trajet nocturne, nous trouvons une petite plage isolée, sortons les sacs de couchage et nous écroulons.

    Au réveil, nous nous félicitons d'être venus jusqu'ici. Enfin du soleil ! (A Ropato, comme à peu près partout en France, ce début juillet a été très pluvieux). Il est midi, retour à la voiture pour poser les sacs de couchage et prendre de quoi nous baigner.

    Par la suite, promenade dans Sète et prise de renseignements sur les animations du 14 juillet (c'est ce soir !). Sète, c'est joli, mais c'est tendu. Quand on arrive d'un coin paisible de la Creuse, on est surpris de voir des gens se crier dessus, voire de se faire embrouiller par des types qui veulent nous vendre du shit...

    Le soir, un joli feu d'artifice sur la plage vient bluffer mes compagnons. Ils sont même carrément béats : il semble qu'on ne voie rien de tel en Irlande ! C'est vrai que le final était particulièrement prenant, et je suis content qu'ils aient pu voir ça. De bonne humeur, nous nous joignons à la soirée disco qui s'ensuit aux abords de la plage. Un événement familial mais sympathique, durant lequel nous dansons et discutons avec quelques autres jeunes égarés là.  Quelques heures plus tard, nous nous endormons sur la plage sans nous douter de la bonne surprise qui nous attend au matin...


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  • Le 15 juillet au matin, nous nous réveillons donc sur la plage principale de Sète. Étrange constat, deux d'entre nous (sur six) ont subi exactement la même piqûre pendant la nuit : celle d'une araignée, sur l’œil gauche. Il s'agit de Stin et moi, les deux "pièces rapportées" du groupe. Du coup, nous nous retrouvons avec le même œil gonflé et à moitié fermé, ce qui donne l'impression que l'un de nous se fout de l'autre en l'imitant d'un air débile, ou que nous sommes deux frère et sœur atteints de la même malformation physique ; et probablement mentale ; mais vous l'aurez compris, ce n'est pas le cas. A présent, je sais que j'apprécie très moyennement le sens de l'humour des araignées.

    Bref, nous nous dirigeons vers la voiture (sauf les deux qui dorment encore) avec dans l'idée d'attraper serviettes et maillots de bain et de passer à la baignade du réveil. Le Land Rover est garé dans une petite rue pavillonnaire calme et apparemment assez bourgeoise. Alors que chacun prépare ses affaires, j'aperçois une tête au dessus d'un portail ainsi qu'une main levant un grand bol. Et le type me dit : "café ?".

    Gauthier est un reporter photographe indépendant de 50 ou 60 ans qui pense que les journalistes racontent des conneries et qui tient à le faire savoir. Il habite dans une rue calme sur les bords de mer de Sète, et lorsqu'il a vu un gros Land Rover se garer devant chez lui, plusieurs pensées lui ont traversé l'esprit :

    1. Tiens, la même voiture que moi. Sûrement des voyageurs.

    2. Se garer ici est interdit... Le gros con de voisin d'en face va sûrement appeler les flics, je ferais mieux de surveiller.

    3. Si j'invite ces voyageurs à boire le café, le gros con de voisin d'en face croira qu'ils sont avec moi, et ça l'emmerdera profondément.

    C'est ainsi que nous nous retrouvons sur une charmante terrasse à boire un café et déguster du fromage français (véritable plaisir pour mes trois compagnons) avec un personnage totalement hors-du-commun. Nous lui expliquons notre rencontre, notre voyage, il nous parle de ses expéditions à lui, partout dans le monde, de ses reportages photos et de ses dessins. Nous tenons la discussion en essayant de réaliser ce qui est en train de se passer ; c'est juste hallucinant ! Plus tard, Gauthier remarque que deux types traînent devant notre voiture ; ce sont Gabriel et Seamus qui se sont finalement réveillés. Il les invite immédiatement à nous rejoindre et leur sert le même petit déjeuner qu'à nous. Plus tard, quand la femme de Gauthier puis leur fils sont levés, nous nous retrouvons à neuf autour de la table, à parler de plein de choses... Et nous ne partirons qu'aux alentours de 17h, après avoir mangé avec eux le midi et dégusté au passage la (délicieuse) spécialité culinaire de Sète : la tielle. Il s'agit d'une tarte au poulpe, qui ne se mange nulle part ailleurs. Drôle de journée ! Sacré moment !

    Mais il faut bien finir par partir. Petite coupe de champagne (ben voyons !) et hop, sur la route. Le soir, nous dormons dans un petit camping à Loupian (à 15 kilomètres de Sète), puis au matin vient le moment de nous séparer. Je m'en vais vers Biarritz alors que le groupe compte s'attarder un peu ici pour faire de la cueillette. Nous nous disons au revoir et répétons combien ces quelques jours ont été bons à vivre. Nous échangeons des adresses mail que nous n'utiliserons probablement jamais, mais c'est aussi ça leur charme. J'ai passé trois jours avec ces gens là où il n'y avait aucune raison que ça arrive, dans l'imprévu, dans la simplicité, dans le sourire gratuit. Et c'était bien, et il n'y a besoin de rien de plus. C'est la magie des rencontres de vadrouilleurs. Et je m'en vais en stop.

    Le soir, après avoir galéré dans Toulouse pendant des heures à trouver une entrée d'autoroute praticable en stop, je m'endors derrière un buisson, à l'abri des regards. Le lendemain, je débarque à Biarritz dans l'après-midi, chez des amis rencontrés l'été dernier et que je tenais à revoir cette année. Le soir venu, nous faisons la fête à Seignosse. S'ensuivent quelques jours de vacances plus "normales" dans les environs. A noter, un concert très sympa d'un groupe d'Allemands d'origine coréenne : Symbiz. C'est de la dubstep avec un peu de rap. J'ai trouvé ça sur youtube pour vous montrer à quoi ça ressemble :

    Très bonne soirée à Seignosse avec les amis !

    Et puis quelques photos des Landes, de leur Océan que j'adore. Photos prises à Capbreton :

     

    Voilà. Il va être temps de regagner la Haute-Savoie, j'attaque un travail saisonnier sous peu. Et ça fait déjà presque un mois que je vadrouille ! Capbreton-Sallanches en stop en un seul jour, c'est audacieux, voire un peu kamikaze, mais je m'y lance quand même ; et optimiste avec ça. J'échouerai de peu puisque je m'endormirai le soir à Aix-les-Bains, en Savoie, sur un rond-point. Je sais que c'est un lieu insolite pour planter sa tente, mais il tombait tellement à pic ! Et puis l'insolite, ça a du charme ! Voyez plutôt.

    A gauche du panneau, vous voyez un petit passage pour monter derrière les arbres. Le voici de plus près :

     

    Pourquoi donc se gêner ?

     

    Mais ce qu'il y a de plus fou dans cette histoire, c'est comment je suis arrivé jusqu'ici. Il commençait à être tard et je me doutais que je ne dormirais pas à Sallanches ce soir-là. Alors que je venais de me faire déposer sur une aire de repos un peu avant Lyon, une voiture s'arrête immédiatement pour m'aider à poursuivre ma route. Au bout de deux minutes de conversation avec mon chauffeur, nous réalisons quelque chose qui me sidère encore au moment où j'écris cet article : cet homme m'avait déjà pris en stop l'année dernière, sur une petite route de la Creuse ! C'est ahurissant. Combien de centaines de milliers de voitures empruntent les routes françaises chaque jour au mois de juillet ? Peut-on imaginer la probabilité de monter deux fois dans la même voiture à quelques mois d'intervalle en sillonnant les routes de France ? Et dans deux régions différentes, avec ça ? Ahurissant. Je connais quelques lecteurs qui viendront me dire que c'est un signe, que je devais revoir ce type ; ce n'est pas ma manière de penser, et je dirai plutôt que le hasard est capable d'exquises folies dont je ne me lasserai jamais. Mais dans tous les cas, cette re-rencontre a été pour moi la meilleure manière d'achever mon périple avec le sourire. Le lendemain, Aix-les-Bains - Sallanches fut une simple formalité. Mais c'est moins drôle comme ça, alors on recommencera...


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