• Kash Prex en Crète : vadrouilleur apprenti 1/3

    Αθήνα (Athènes) : avant-goût

    Athènes, ce n'est pas en Crète. Mais partant de Mytilène, pas d'autre choix que d'y faire une escale pour ensuite prendre un deuxième bateau. Sinon, il y a l'avion qui est direct ; je ne crois pas nécessaire de préciser pourquoi presque personne ne le prend... Je suis avec deux filles de Mytilène que je connais vaguement et qui vont aussi en Crète, et nous descendons du bateau aux aurores, après une nuit courte et pas franchement reposante. Nous nous dirigeons vers une agence censée nous vendre des tickets pour Χανιά (Chania), Crète, départ à 10h30. Bien évidemment, la madame nous annonce que le bateau est annulé. Nous partirons donc le soir et voyagerons encore de nuit. D'ici là, pas d'autre choix que d'errer dans Athènes, bien que ni nos humeurs ni l'esthétique de la ville ne nous rendent cette optique particulièrement enthousiasmante.

    Nous jouons aux échecs dans un parc, entre débutants fatigués. Je suis en train de gagner, je lui ai pris presque tous ses pions dangereux. Un vieillard souriant se met à nous regarder jouer en silence. J'accentue mon avantage. Au bout de quelques coups, il se met à commenter un peu, puis un peu plus. Je domine clairement la partie et en suis à m'impatienter et à me demander comment achever mon adversaire. Le vieillard, lui, en est à expliciter de plus en plus sa pensée et à expliquer à mon adversaire ce qu'elle doit faire. Trois coups plus tard, je suis échec et mat et je regarde le petit vieux s'éloigner.

    En début d'après midi, Liza (l'une des deux filles) parvient à joindre un ami qui vit à Athènes et nous passe la clé de son chez lui avant de retourner travailler. Nous dormons là-bas quelques heures et rencontrons le colocataire dudit ami : Evangelos. Nous discutons, il est DJ, je fais du rap, nous échangeons des musiques, nous sympathisons. Evangelos est Crétois, il part en Crète ce soir aussi, mais dans le bateau pour Ρέθυμνο (Rethymno).

    Avant de prendre le bateau, j'appelle le couchsurfeur qui m'attend à Χανιά pour l'avertir que je n'arrive que demain matin, et pas ce soir. Il me dit que de toute façon il part voir sa famille et qu'il faudra plutôt que je contacte un ami à lui, Panagiotis, dont il me donne le numéro.

    Un début qui sent l'approximatif...

     

    Χανιά (Chania) : passage éclair

    Nous sommes arrivés. Les deux filles partent prendre le bus pour Rethymno puis Plakias, ville natale de Liza. Nous nous reverrons dans quelques jours peut-être. En attendant, il est 7 heures du matin et j'ai la journée devant moi pour visiter la ville, alos je m'attarde un peu dans le bateau.

    Après m'être baladé un peu partout, j'essaie à plusieurs reprises de contacter l'ami de mon couchsurfeur, en vain. Le plan ne sentait pas très bon, le doute se confirme. Je continue de me balader, l'endroit est sympa :

    L'endroit est sympa, n'empêche que ce certain Panagiotis ne répond toujours pas. Il doit être 15h30 ou 16h maintenant, et je décide tout simplement de partir. Je marche vers le sud et je déciderai où je vais selon les panneaux que je vois. Après 1 heure 30 de marche environ, je comprends que je ne suis pas vraiment parti vers le sud mais vers l'est. Je fais donc du stop vers Rethymno. Pas plus de cinq minutes plus tard, je suis en voiture avec un Crétois monolingue et je travaille mon grec.

    Il est perplexe lorsqu'à diverses questions comme "et après tu vas où ?" ou "tu vas voir quelqu'un à Rethymno ?", mes réponses se bornent à "je ne sais pas". Je n'ai pour autant pas l'air du tout perdu et je parais satisfait de mes non-projets. Il se demande quel énergumène il a embarqué avec lui. Il finit par me proposer de m'héberger. Surpris, je réponds par un simple "oui" sans engoûment particulier. Il répète qu'il peut m'héberger, qu'on se retrouve vers 21h dans Rethymno pour boire un coup et qu'ensuite je dors chez lui. Finalement, c'est sympa de sa part. Je prends son numéro, il me dépose à l'entrée de la ville. A tout à l'heure !

     

    Ρέθυμνο (Rethymno) : itinéraire d'un SDF

    Visite d'une deuxième ville dans la même journée, soit pas mal de marche après une nuit bien courte dans le bateau. Je décide donc d'aller piquer un somme sur la plage presque vide.

    Reposé, je recontacte mon supposé hôte. D'abord il ne décroche pas, puis, lorsque je rappelle, m'explique que finalement il ne sort pas parce qu'il a du travail. Précision : le type m'a expliqué dans la voiture qu'il était serveur dans une taverne à Chania, on peut dès lors se demander quel genre de travail il peut bien avoir à faire chez lui... Bref. Je ne lui avais rien demandé, il n'aurait jamais dû me proposer de m'héberger s'il n'en avait pas envie.

    Il est donc 21h30 et je ne sais pas où je dormirai ce soir. Je ne suis toutefois pas réticent à l'idée de sortir mon sac de couchage et de trouver un coin sur la plage. Mais avant ça, si vous avez bien suivi, il me reste une dernière option... Alors ?

    Evangelos, rencontré hier à Athènes ! Je le retrouve, nous buvons une bière avec ses amis. Nous discutons. Je dis que demain, je veux partir vers le sud parce qu'il paraît que c'est le plus joli en Crète. Evangelos me donne des conseils et me dit qu'eux aussi vont peut-être y aller demain, en voiture, pour la journée. L'un de ses amis légèrement alcoolisé (sic) accepte de m'héberger. Dans la voiture, il fume son joint et envoie de l'hardtech, j'ai le sourire. Il m'installe dans son salon et me dit qu'il dormira jusqu'à 15h, que je n'ai qu'à partir quand je me réveille.

    A 10h30 du matin, je m'apprête à quitter la ville. J'appelle Evangelos au cas où il partirait aussi vers le sud : pas de réponse, sans surprise. Je pars vers la sortie de la ville pour faire du stop. Je tends le pouce mais m'impatiente régulièrement et reprends la marche, puis retente le stop, puis marche, puis fais les deux en même temps. Finalement, je marche peut-être 2 kilomètres avant que deux femmes ne s'arrêtent. Elles me déposent à 20 kilomètres de Plakias, mon objectif du jour, sur une route visiblement peu empruntée. Ce n'est pas grave, je suis d'humeur à marcher, et même ces 20 kilomètres ne m'effraient pas plus que ça. Cette intuition est plutôt bonne lorsque l'on sait à quoi ressemble le paysage que je m'apprête à traverser quelques kilomètres plus loin...

    Mais qu'est-ce que cette petite tache blanche au milieu de ce paysage rocheux ? Réponse : ce qu'on trouve plus souvent en Grèce que des boulangeries ou des bureaux de tabac !

    Il n'y a pas d'endroit en Grèce sans monastère ou petite église... Je n'aimerais pas avoir pour mission de les recenser, ce serait un calvaire. Même dans les forêts, dans les gorges, on en trouve à coup sûr.

    Et puis plus loin, un petit chemin avec des escaliers pour descendre dans les gorges... Et que vois-je en contrebas ?

    Deux tentes ! Et on ne le voit pas bien sur les photos, mais deux personnes sont également là, occupées à je ne sais quoi. Je descends !

    Ce chemin ne part pas vers les tentes...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    ... Il semble même s'arrêter là...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    ... A moins que...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    ... Bordel, encore une église !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Mais le vrai intérêt de ce petit détour n'arrive que quelques dizaines de mètres plus loin.

     

    N'empêche que je ne suis pas du tout à l'endroit de ces deux tentes dont je voudrais bien aller discuter avec les propriétaires... Alors j'essaie d'autres voies, j'explore.

     

    J'explore, j'explore, et je ne trouve définitivement pas comment ces deux barroudeurs se sont retrouvés là-bas... Je me dis qu'il doit me rester environ 14 kilomètres à parcourir jusqu'à Plakias et que la nuit devrait arriver dans à peu près 3 heures. Je ne peux pas m'éterniser ici. Je suis frustré, mais il faut que je parte ; tant pis, la balade a été jolie.

    La suite du trajet est moins excitante. Je marche sur le bord de la route, vois la mer apparaître au loin puis se rapprocher doucement. A 2 ou 3 kilomètres de Plakias, je rencontre un Français qui marche dans la même direction que moi. Il est à Plakias depuis une semaine, dans une auberge de jeunesse, et se balade dans les environs. Il me dit que l'auberge n'est pas chère, qu'il y règne une ambiance très conviviale entre des voyageurs d'un peu partout.

     

    Πλακιάς (Plakias) : session vacances de luxe

    C'est une petite ville qui ne semble vivre que du tourisme. Partout, des tavernes et des chambres à louer, mais peu de gens, nous ne sommes qu'en avril.

    Je suis toujours avec mon compagnon de route français, nous buvons une bière face à la mer. Plus de vingt kilomètres de marche pour moi aujourd'hui, me poser me fait du bien. J'appelle Liza. Pourquoi j'appelle Liza ? Vous avez suivi, cette fois ?

    Bien sûr, Plakias est la ville natale de Liza, je l'ai dit avant ! C'est pourquoi j'ai choisi cette ville plus qu'une autre : c'est le seul contact que j'ai dans le sud de la Crète, le couchsurfing s'étant révélé inefficace à cause de Pâques, fête essentielle en Grèce. J'appelle Liza, donc, je lui dis que je suis là et qu'on peut se voir demain.

    Le soir, je me retrouve dans cette auberge de jeunesse en effet très sympa. Je suis un peu dépassé par le niveau d'anglais des gens. Parler anglais avec un Grec, une Estonienne, une Espagnole, comme je le fais au quotidien à Mitilini, ça va. Mais avec une Canadienne, un Anglais ou un Américain, ça relève franchement de la performance. Rien que de comprendre tout ce qu'ils disent me demande un effort notable. Pour vous donner une idée, ça sonne à peu près comme ça :

    Et je n'exagère pas tant que ça !

    Bref, nous partons dans une taverne puis dans un bar. Je me sens un peu en décalage par rapport à ces gens, comme si nous n'étions pas là pour les mêmes choses. J'ai l'impression qu'ils veulent juste faire du tourisme et profiter du beau temps et de la mer et qu'ils se foutent éperdûment de la culture grecque. Dans la taverne, par exemple, ils commandent un plat chacun... D'habitude, surtout lorsqu'on est si nombreux, on commande un peu de tout et chacun pioche ce qu'il veut dans les assiettes qu'il veut. Et je vous jure que lorsque vous connaissez les manières habituelles et l'ambiance qui en découle, il devient absurde voire frustrant de retourner à la pratique du plat individuel... Mais même avec ma proposition, ils ne semblent pas disposés à essayer la manière grecque. Du coup, un peu déçu et ayant mangé un sandwich une ou deux heures avant, je décide de ne rien prendre.

    Lorsque je me lève le lendemain, une mauvaise surprise vient plomber mes projets de vadrouilles : la pluie. Cette journée sera (trop) calme. J'écris, je révise mes cours de grec, je lis. RAS.

    En fin d'après-midi, je vois Liza, elle m'hébergera ce soir. Ce que je ne sais pas, c'est que son père est propriétaire d'un bel hôtel et que je m'apprête à y dormir gratuitement. Petite session luxueuse avant de reprendre la route...

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  • Commentaires

    1
    Anoula
    Dimanche 29 Avril 2012 à 09:42

    oh la la, quelle aventure et quel suspens !!! sérieux, trop bien, et puis s intéresser  essentiellement à la culture du pays, c esr  bizarre !! ça me rappelle ta pauvre mère !! trop bien cette vadrouille virtuelle en Crête, ça m a oxygénée !!! vivement la suite !

    2
    Marie tatata
    Dimanche 29 Avril 2012 à 17:18

    et après ?

    3
    WwhiityY
    Dimanche 20 Mai 2012 à 16:48

    C'est excellent ce périple, les lieux qui ont l'air magnifiques, les gens qui croisent ta route.. On croirait que rien n'est fait par hasard.

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