• Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    04/05

    Il doit être à peu près 16h. Je suis bloqué à 4 heures de Cusco par un barrage de protestation, et ce depuis 9h30 du matin. Des histoires d’agriculteurs et de marché des pommes de terre saturé, d’après ce que j’ai entendu.

    Du coup, je parle avec les autres passagers, des Espagnols, des Hollandais, des Péruviens. C’est sympa, mais on préférerait avancer… Déjà qu’on a dormi dans le bus cette nuit, c’est pas pour rester encore là ce soir !

    Quant aux manifestants, ils sont un petit peu cons sur les bords, et sans doute un peu au milieu aussi. Ils ont voulu couper un arbre pour le mettre en travers de la route, voyez déjà l’idée de haut vol… Mais en plus, comme ils ne savent pas s’y prendre, ils ont fait tomber l’arbre dans la direction opposée à la route, ce qui limite passablement l’intérêt de l’opération. Ils ont failli se le prendre sur la gueule, ont dû sauter dans les buissons pour pas terminer encore plus plats.

    Après ça, ils ont engueulé les pauvres filles qui venaient nous vendre des repas. Parce qu’en plus d’être pris en otages, on n’aurait pas le droit de manger ! Bref, ils ont pas inventé le fil à couper le beurre… ni les arbres d’ailleurs, qu’on se le dise ! On ose espérer que par un éclair de génie ils nous laissent arriver à Cusco ce soir… Mais c’est pas gagné.

     

    06/05

    27 heures pour arriver à Cusco ! 8 heures d’arrêt à peu près. On a fini par passer plus ou moins en force, on était quand même plus nombreux ; et franchement exaspérés au bout d’un moment ! Bref.

    Cusco donc. On change nettement de registre, on oublie ce qu’on a dit avant et on repense le Pérou. Ici, c’est du touristique pur jus, rues qui grouillent de gringos et de gros sacs à dos, conversations dans toutes les langues imaginables. On a quand même une des 7 merveilles du monde à portée de bus, ça ne se néglige pas !

    Programme donc : faire un peu la fête avec ceux que ça tente. Ça ne m’est pas arrivé depuis Trujillo, j’arrive juste avant le weekend, faudra pas me le dire 2 fois ! Ni une, d’ailleurs : je suis déjà là ! L’auberge est tout comme j’aime, avec des gens de partout et un bar, soit le nécessaire pour s’amuser un peu. J’ai déjà rencontré des gens de Finlande, France, Brésil, Argentine, Pays-Bas, et j’en oublie sûrement, pour vous donner une idée. Assez d’ailleurs pour me rendre compte que de passer 1 an à parler espagnol a jeté 2-3 mauvais sorts à mon anglais !

     

    Et puis en début de semaine on mettra le cap sur la fameuse merveille, j’ai nommé : le Machu Picchu ! Tout le monde ici ne parle que de ça, et ça ne fait évidemment que m’intriguer encore davantage. Mais ne mélangeons pas tout (ou alors plus tard dans la soirée, si vous insistez) et faisons les choses dans l’ordre. Un cuba libre, por favor !

     

    En PS, les images du jour : une exposition sur le thème des rêves que j'ai beaucoup aimée.

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

     

     

     

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

     

    09/05

    Machu Picchu H-11. On est déjà sur les starting-blocks. Qui ça, « on » ? T’es pas tout seul ? Eh bien non, je suis avec une Française rencontrée à l’auberge ainsi qu’un Argentin rencontré dans le bus. Et qu’est-ce que t’appelles les « starting-blocks » au juste ? Ah ça, c’est le village qui se trouve en-dessous du Mach’ (pour les intimes, comme moi) et qui s’appelle Aguas Calientes. Tous ceux qui s’apprêtent à grimper dorment ici la veille, se lèvent à 4h30 du matin et hop, à l’assaut ! Oui, c’est tôt, mais une merveille, ça a ses exigences.

    Ce que je peux vous dire pour le moment, c’est que rien que sur le trajet jusqu’ici, on en a pris plein la vue… A se faufiler dans une vallée interminable dont les sommets nous dominaient de centaines de mètres… Des paysages qui vous écarquillent les yeux. Et si ça c’était juste un avant-goût, moi, je vais me coucher : demain arrivera plus vite ! Il arrivera de toute façon très vite vu l’heure du réveille-matin…

     

    11/05

    Bon, inutile de trop causer, les photos seront plus expressives que moi sur ce coup-là... Si ce n’est que la qualité n’est toujours pas au mieux (j'ai dû faire du tri), désolé pour ça.

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

     D’abord, l’arrivée au village avec ce point de vue pris des millions de fois.

     

     

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    Puis petit tour au pont inca… étonnamment interdit d’accès ! 

     

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    Ensuite, ascension de la montagne Machu Picchu, avec des vues ahurissantes…

     

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

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    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

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    Arrivée au sommet, où je partagerai un petit pique-nique de 8h30 du matin avec des Argentins...

     

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    ... avec à 360 degrés...

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    ... des vues de ce registre.

    Mais avec mes yeux, j'obtiens une meilleure qualité...

    C'était magnifique, je ne vais pas en dire plus. C'est un incontournable, je l'ai incontourné, et je repars avec des étoiles dans les yeux.

     

    11/05 (2)

    Retour à Cusco, où tout est cher. Le Machu Picchu, bon, on comprend, c’est un lieu incroyable. Mais pour le reste, on nous prend ouvertement pour des cons. Voilà le thème du jour !

    Pourquoi je suis si tranché ? Ce n’est pas qu’une question de prix, mais plutôt de façon de vendre. Exemple. Autour de Cusco, il y a de jolis villages avec des sites archéologiques : Pisaq, Chinchero, Ollantaytambo, Moray. Moi, je m’informe un peu, et je finis par penser faire un tour à Pisaq. Vient alors la question du prix. Normalement, une visite de ce genre, c’est 10-15 soles, exceptionnellement 20 si le lieu a quelque chose en plus. Tu parles ! 70 soles ! Et pourquoi ? Parce que l’entrée inclut les 4 lieux que je vous ai cités. Autrement dit : vous achetez l’entrée pour les 4 ou rien. Vous voulez voir un seul des 4 ? On s’en fout : 70 soles.

    Z’imaginez ? C’est comme si quand j’achète une Leffe, on me forçait à payer une Heineken, une Adel Scott et une Desperados avec ! Bon, ça me gênerait moins, je vous l’accorde… Mais vous avez saisi le principe.

    Résultat : je boude. M’en fous, j’ai tout le Pérou à voir ! J’irai dans les endroits où on me prend pas pour un con. Et plus drôle, j’ai eu la bonne idée d’aller me promener dans les hauteurs de Cusco, dans des endroits où personne ne va marcher, comme j’aime, et voilà que je me retrouve avec une vue imprenable sur un de leurs sites à la con dont l’entrée est, accrochez-vous bien, à pas moins de 130 soles ! (Parce qu’elle inclut je-ne-sais-quelles autres visites forcées). Et moi, gratis, que je te le zyeute, leur vestige inca ! A 100 mètres de l’entrée, sur ma petite colline. L’en fallait pas plus pour me mettre de bonne humeur. Ah, si : que l’appareil photo daigne remplir son rôle au lieu de se mettre en grève avec « erreur carte mémoire » en guise de banderole. Mais ça, vous avez dû le comprendre depuis un petit moment : les appareils photo et ce blog, c’est un peu comme Amonbofis et le château de César… Heureusement, on sait qui gagne à la fin !

     

     

    13/05

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

     

    Aujourd’hui, une grande inspiration m’a comme saisi ! Je vous mets d’abord les photos, et après je raconte. Avouez que vous êtes pris de court !

    Alors, qu’est-ce que c’est ? Non, ce n’est pas juste pour vous montrer que j’ai pris le bateau. Pour vous annoncer que j’arrive enfin à prendre de jolies photos avec cet appareil ? Non plus. Non, ce que je viens de vous montrer, M’sieurs dames, c’est un des plus grands lacs du monde ! Et pendant qu’on y est, un des plus hauts parmi les navigables : 3812m ! Oui, évidemment, maintenant c’est facile de donner le nom, surtout que je vous en avais déjà parlé il y a quelques semaines ! C’est le Titicaca.

    Mais reprenons depuis le début si je le veux bien. Ce matin, je descends du bus à Puno, au bord du lac ; il est 5h45. Je me rends directement au marché pour déjeuner, réflexe toujours d’actualité, et y rencontre au passage une voyageuse italienne qui, tout comme moi, vient d’arriver de Cusco. Nous sympathisons et partons vers le lac avec l’idée d’aller en visiter les îles. 7h45 : embarquement dans le petit bateau duquel je prendrai les photos que vous connaissez. Mais aussi d’autres : celles des îles d’Uros, où nous marquons une petite pause.

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

     

    Dans le bateau, un sexagénaire dénommé Felipe nous informe que si nous voulons rester une nuit sur l’île de Taquile, il dispose de chambres à 20 soles. Et nous, c’est précisément ce qu’on envisageait en marchant vers le port. Résultat, nous voilà chez Felipe !

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    Débarquement.

     

    eTour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    La maison de Felipe et sa famille.

     

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    Ma chambre et son sol en foin.

     

    Et puis quelques photos de l'île.

     

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

     

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Rien à dire, l’île est quand même canon. C’est à se demander pourquoi elle n’attire pas plus de voyageurs. La majorité des gens considèrent que Puno n’est pas une ville intéressante, point. Et comme les voyageurs parlent beaucoup entre eux, l’idée se répand. Personne ne dit que du côté des îles, oui, il y a de quoi s'asseoir et contempler. Pour ma part, il est clair qu’à partir de maintenant je ferai ramer la rumeur dans l’autre sens.

     

    14/05

    Comment j’aurais pu savoir, moi, qu’en explorant l’île de Taquile je foulais une terre quasi-anarchiste ? Heureusement que Felipe a pris le temps de nous expliquer ! L’histoire est en effet aussi atypique que méconnue, y compris des Péruviens.

    La communauté taquilénienne a un caractère bien trempé. Pour commencer, tous les habitants parlent quechua, langue des Indiens d’Amérique qu’une extrême minorité lutte pour maintenir en vie de nos jours. Pour eux, c’est la langue première.

    Après ça, ils refusent l’aide du gouvernement pour se développer : ils estiment que ce ne serait que pour être taxés par la suite, ce qu’ils n’admettent pas. Ils refusent d’ailleurs toute autorité extérieure à l’île, qu’elle soit gouvernementale, régionale, et même celle du maire de l’île voisine censé avoir de l’influence jusqu’à Taquile. Les habitants les ignorent, point final.

    La communauté a son propre groupe de décideurs : des habitants qui se relaient tous les 2 ans. Mais attention, pas d’élections ici ! Ce sont les autorités sortantes qui proposent les « chefs » suivants… qui sont en fait davantage des appliqueurs de la volonté de tous que des chefs, d’autant que ce ne sont pas des gens qui ont voulu le pouvoir. Ils sont 6, hommes et femmes, et peuvent d’ailleurs être démis si la communauté n’est pas contente de leur action.

    Pour maintenir cette manière de penser, les Taquiléniens se protègent de l’extérieur. Pour devenir l’un d’entre eux, il faut vivre 3 ans sur l’île et travailler pour la petite société en respectant les règles locales, dont le code vestimentaire, ses couleurs et symboles. Mais pour habiter l’île faudrait-il encore pouvoir y acheter un terrain… ce que les habitants ne permettent qu’aux Taquilèniens eux-mêmes. Si bien que le seul réel moyen d’entrer dans la communauté reste de se marier avec un(e) natif(ve). Système serré, certes, mais qui a le mérite de préserver à coup sûr la culture taquilénienne, ce qui n’est pas une mince affaire.

     

    Tout ça pour obtenir quoi ? Une vie paisible et en accord avec son identité, de toute évidence. De l’autogestion, de l’autonomie, du respect de tous, tous ces mots à connotation tristement utopique… Manquerait plus que l’endroit soit magnifique, tiens !

    Tour du Pérou, tour de soi-même ! (4/5)

     

     

    (à suivre...)

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