• Vadrouille dans le nord de la Grèce 1/3

     

    Jour 1 : C'est pas trop tôt

    Après plus d'une semaine à attendre que la météo s'arrange et permette la circulation des bateaux, après avoir changé mes plans 2 ou 3 fois pour diverses raisons plus ou moins foireuses, me voilà débarquant à Θεσσαλονίκη (Thessalonique, 2ème ville de Grèce) aux alentours de 12h30 (au lieu de 10h, bien entendu).

    Je ne sais pas où je dormirai le soir-même, mais ce n'est pas vraiment le genre de question qui me tracasse pour le moment. Je m'arrête chez Giorgos, le pote d'une pote qui a pris le même bateau que moi. Il s'avère très sympa et me montre qu'on peut manger gratuitement à la fac de Thessalonique. On parle de la politique grecque, de la grosse manif de la veille que j'ai ratée etc. La fille qui nous a présentés ponctue nos élans anarchistes par des "oh, poor police" et autres "oh, poor banks" (je n'invente rien, elle disait ça sérieusement). Le gars et moi échangeons des regards ahuris mais nous contentons de la contredire calmement. Elle continue de jouer la sentimentalo-capitaliste qui en fait ne comprend tout simplement rien. On zappe.

    Je finis par partir tout seul me balader (ce pour quoi je suis venu, quand même). Je marche quelques heures dans la ville. C'est pas mal, mais ça reste une ville. En même temps, je ne sais pas vraiment à quoi je pouvais m'attendre d'autre. Après quelques heures, je m'assieds au bord de la mer pour faire une pause, envisage d'écrire un petit couplet... Mais que vois-je au loin ? La même fille, à qui j'avais dit au revoir, qui avait visiblement décidé de se balader au même endroit que moi à la même heure, et qui se dirigeait vers moi. Deux millions et demi d'habitants à Thessalonique, et j'arrive à croiser la seule personne que je connaisse dans la ville par pur hasard... Ce n'est pas que ce soit un plaisir particulier, vous l'aurez compris, mais du coup nous partons marcher un peu en longeant la mer. Et finalement, après qu'une fille sur qui je comptais pour m'héberger ou me trouver un hôte m'a lâché en ne répondant plus au téléphone, je finis par dormir chez le gars du début de journée, Giorgos.

     

    Jour 2 : Thessalonique est trop grande

    Vers 17h, je bois une bière avec un ami de Mitilini qui est lui aussi de passage à Thessalonique. Avant ça, je m'emmerde un peu. Les grandes villes, ce n'est plus trop mon truc, il va falloir en faire une vérité générale. Cinq ans à Paris, ça suffit.

    J'écris quand même le fameux couplet que l'autre m'a forcé à avorter hier. Et ça donne :

    L'hirondelle ne fait pas le printemps, t'façon il changerait quoi le printemps ? /
    A Athènes on brûle des bâtiments pour se réchauffer un instant /
    La barre du métro est froide comme un discours /
    On demande aux SDF de nous faire des ristournes /
    Y'a plus de sens à rien, tu retournes la Terre elle reste ronde /
    La peste reste la peste, même déguisée en peste blonde /
    On a négligé le fait que la maladie n'est pas qu'physique /
    Qu'on peut te mettre en état critique juste par les mots et par l'psychique /
    Et c'est la pire des guerres, car c'est celle qu'on n'attendait pas /
    La désinformation, la peur, les savants débats /
    Qui aux questionnements de fond préfèrent ceux qui le touchent /
    Entourer le fond de trop de forme, et c'est comme ça qu'ils l'étouffent /
    On parle du système au lieu de parler de la vie /
    Alors qu'il est censé, ce système, être au service de cette vie /
    Et voilà l'erreur : faire du système une fin en soi /
    Menant à des aberrations comme la mort de faim ou d'froid /

    Il est pas mal, mais je ne l'enregistrerai probablement pas.

    Le soir, une couchsurfeuse m'héberge après une courte soirée. RAS. Demain, je me casse.

     

    Jour 3 : Into the wild (à échelle Playmobile)

    Περιστερά (Peristera) est un petit village que les bus de Thessalonique atteignent pour l'astronomique somme de 1 €. Aux abords de ce village vit un fermier et penseur alternatif passionné de voyages et révolté contre l'évolution de nos sociétés. Il a notamment fait une escapade de 14 mois tout autour du Monde en vélo. Et il est inscrit sur le site Couchsurfing.org. Je suis arrivé chez lui en ce 3ème jour de voyage, et j'ai respiré !

    Je suis parti me promener sur une route "pré-montagneuse" dont le trafic aux heures de pointe doit frôler les 2 voitures par heure. Collines sur la gauche, petits ravins (ou grosses pentes) sur la droite, j'ai marché dans le silence pendant peut-être une heure et demi. J'ai beaucoup pensé à la vie alternative en voyant tout ce que les gens balancent dans les ravins. Des bouts de meuble, des matelas, des vêtements, des récipients en tous genres etc etc. J'ai écrit dans mon calepin : "On peut construire n'importe quoi à partir de ce qu'on trouve n'importe où" (non, ceci n'est pas un remix du slogan de Rémi Gaillard, merci). Je me suis mis dans la peau de quelqu'un qui avait tout à construire, ici et maintenant. Et je me suis dit que c'était possible. Pas facile, mais possible. Et ça m'a mis une espèce de hargne d'un instant, exagérée, un peu disproportionnée, comme si elle avait pris de l'élan pendant tout le temps où je ne lui avais pas trop laissé de place, et qu'elle jaillissait maintenant comme un éclair de vie. Parce que oui, ça fait du bien de croire en des choses un peu surréalistes de temps en temps... Et puis avec tous les moments que je passe à ne me focaliser que sur les aspects quasi-insurmontables de mes projets, il faut bien que je m'accorde un peu de repos.

    Pendant cette promenade, parallèlement à cette espèce d'euphorie ponctuelle, j'ai abouti au retour d'une idée que j'avais eu besoin de bannir de dégoût et de phobie à la suite d'une peine d'emprisonnement scolaire purgée de manière bien trop intensive : l'autodiscipline. Des années que je ne supportais plus ce mot. Me voilà en voie de guérison ; et heureusement, parce qu'assurément, j'en aurai besoin, de l'autodiscipline, si je veux m'émanciper de tout un tas d'aliénations que j'abrite et dont je ne connais même pas l'existence pour certaines d'entre elles. Mais qui sont bel et bien là... Et qui font du système l'imposteur de la vie... Bon, je ne repars pas dans mon couplet habituel, l'inconscient, l'école, les médias etc., vous connaissez déjà pour la plupart d'entre vous.

     

    Jour 4 : Ces gens qu'on ne prévoit pas de rencontrer

    "Il faut absolument que tu reviennes jeudi soir, c'est le premier jour du Carnaval et en plus il y a une soirée hip-hop avec open mic !". C'est ce que m'avait dit Nasta, la couchsurfeuse qui m'a hébergé à Thessalonique, en me voyant partir à Peristera. J'avais dit "peut-être" en me disant "peut-être pas", parce que ça ne me laissait que 24h dans le petit village. Mais finalement, j'y suis retourné, à Thessalonique, et je n'ai pas regretté.

    Pour commencer, une fille que je connais de Mitilini a décidé de me rejoindre pour me dire au revoir avant son départ pour un semestre erasmus aux Pays-Bas. Elle reste jusqu'au lendemain.

    Après l'avoir retrouvée, direction Zerminal (non, le propriétaire des lieux ne zozote pas, simplement ils n'ont pas le son "j" en grec, alors ils font comme ils peuvent... disons en fait que si, tous les Grecs zozotent). D'ailleurs, il faudra désormais m'appeler Zérémie, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. Zerminal est donc le fameux bar où se tient une soirée hip-hop. Un groupe sympa a débuté, puis le DJ m'a appelé. Je lui ai dit que je n'avais pas d'instru, il m'en a envoyé une qui sonnait très bien, j'ai fait Plus bêle la vie (pour rappel, mes morceaux sont en écoute ici). Puis j'ai enchaîné sur une autre instrumentale avec Anarchie. Après, j'ai rendu le micro, d'une part parce que je n'ai plus en mémoire tous mes textes vu que je n'ai pas fait de scène depuis juillet dernier, d'autre part parce que personne ne comprenait rien aux textes et que ça aurait rapidement lassé. Ma prestation a plu, et j'ai même eu droit à un "you were 20 levels above the others". Thank you very much !

    Ensuite, direction le centre de Thessalonique avec quelques gens de Zerminal. Nous tombons sur une soirée en plein air en l'honneur du premier jour de Carnaval (une grande fête nationale d'une dizaine de jours qui semble pas mal compter en Grèce). Les gens sont déguisés et dansent dans tous les sens, l'ambiance est très bonne et la bière pas chère, je dis "on reste ici !" et tout le monde semble d'accord. La totale, c'est que bien évidemment, en traversant la foule je me retrouve nez à nez avec Christos, le pote de Mitilini avec qui j'ai bu un coup le 2ème jour et que je n'avais pas du tout prévu de revoir à Thessalonique. Et c'est parti jusqu'à 5h...

    Du coup dans tout ce bordel, je discute avec le DJ de Zerminal, qui est aussi un couchsurfer, et même un ami de Nasta, mon autre couchsurfeuse à Thessalonique. Il s'appelle Vassilis, il rappe, fait des instrus et rend occasionnellement service comme DJ. Alors devinez quoi ?

    Non, quand même...

    Ben si !

    Jour 5 : écriture, pâtes, écriture, bières.

    Jour 6 : enregistrement dans un très bon home studio. Et voilà :

    Haha, vous ne l'attendiez pas, celle-là !

     

    Aux alentours de 17h, départ pour Serres, plus compliqué que prévu...

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  • Commentaires

    1
    clémentlecouille
    Vendredi 24 Février 2012 à 07:59

    definitely, Zérémie, you ARE 20 levels above the others!!!!! i agree with them! enjoy and see you soon in france, fuckin country, "yours" if we are able to say this , i know that we aren't ahah

    2
    Anoula
    Samedi 25 Février 2012 à 13:00

    j adore le son zérémias 

    3
    Marie tatata
    Lundi 27 Février 2012 à 09:01

    Zézé !! c'est zénial le morceau avec Vassilis !!

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