• But dans les arrêts de jeu

    Bon, j'ai annoncé récemment mon retour en France, mais j'ai aussi expliqué qu'il me restait un petit mois avant de mettre fin à ce séjour espagnol. Et il se trouve que ce weekend, j'ai eu de quoi retrouver un vrai sourire, ce qui fait quand même du bien après un parcours jusqu'ici mitigé en Espagne. Alors je voulais vous raconter ça.

    J'ai rencontré une certaine Laia, une fille adorable qui m'a proposé de l'accompagner dans un village pour un weekend avec une petite trentaine d'enfants et une dizaine d'animateurs. Il y a toujours besoin d'un peu d'aide, notamment pour cuisiner, m'a-t-elle dit. Pour moi qui commençais à manquer de mouvement, il n'y a pas eu à hésiter : coucher à 4h après la soirée de vendredi, lever à 7h30, et nous voilà partis !

    En fin de matinée, nous sommes donc à la Pobla de Claramunt, petit village au cœur de la Catalogne, dans une grande maison avec un dortoir à l'étage et un grand terrain ; un lieu parfait pour recevoir un groupe d'enfants. Ils ont de 6 à 18 ans, la plupart tournant autour de 8-12 ans. Comme j'ai déjà travaillé avec des enfants de cet âge, je trouve rapidement que ce groupe a quelque chose de spécial, quelque chose de plus. Je ne vois pas de trace de cette "cruauté des enfants" dont on parle parfois. Je vois du respect et de la tendresse, même entre grands et petits, des jeux qui n'excluent personne, des bisous gratuits. Au fil de la journée, je vois que mes observations sur le comportement des enfants entre eux sont en fait tout autant valables du côté des animateurs. A aucun moment un adulte ne prend un enfant de haut, ne lui donne un ordre, ne le gronde. Tout au plus, on voit deux êtres humains qui s'expliquent, et toujours avec un respect mutuel palpable. Mais dans l'ensemble, il n'y a même pas besoin d'explication : les choses se passent très bien par elles-mêmes, souvent avec jeu et de tendresse.

    J'assiste à tout ça avec surprise et plaisir, et je passe du temps à observer ces interactions en faisant beaucoup de rapprochements avec mes études passées en Sciences de l'éducation. C'est agréable de passer de la théorie à la pratique ! Et de voir que ce que l'on lit et écrit peut exister, quelque part, dans la réalité.

    La première activité est un jeu de pistes. Il faut retrouver des personnes ayant décidé d'aller vivre seuls dans la nature, chacun de son côté. Ce sont en fait des animateurs qui jouent ces rôles. Des affiches comme celles-ci sont postées à l'entrée de la maison :

    Les enfants partent en groupes à la recherche de leurs animateurs et l'on en profite pour se promener un peu. On les retrouve assez vite, et chacun explique aux enfants les raisons pour lesquelles il/elle est parti(e) vivre dans la nature : raisons spirituelles pour l'une, rapport au corps pour une autre, rapport au savoir et aux émotions pour les 2 derniers.

    Il s'agit en fait de faire comprendre aux enfants que tout n'est pas dans la société, qu'il faut savoir chercher par soi-même des éléments de bien-être qui peuvent n'être inculqués par personne, ou en tout cas ni par l'école ni par la télé. Je ne saurais pas détailler plus que cela le discours qui a été donné parce que tout se passait en catalan, mais l'orientation globale de cette activité m'a semblé vraiment bien vue.

    Ici, petite session musicale avec une guitare et un "cajon" (cette percussion sur laquelle Laia est assise), pendant que d'autres enfants et animateurs (et moi !) jouent au foot.

    Le soir, je m'occupe donc de la cuisine avec l'aide de Laia. J'étais un peu impressionné par l'idée de cuisiner pour 40 personnes, mais au final, rien de très compliqué : des sachets de soupe dans une dizaine de litres d'eau et des steaks hachés dans une grande poêle qui pouvait en contenir 12-13. En 3 fournées, nous voilà prêts à manger !

    Et le repas... Un sacré scénario ! Les animateurs ainsi que 2 ados de 18 ans et moi faisons un jeu. Chacun a un papier avec une instruction. Par exemple : quand quelqu'un demande le sel, tu te lèves et tu chantes telle chanson. Mais ensuite, une autre personne a le papier suivant : quand quelqu'un chante telle chanson, tu demandes le silence et fait une déclaration d'amour à telle personne. Et quelqu'un a ensuite une autre instruction, et ainsi de suite. Le tout sous les yeux de tous, sachant que les enfants ne sont pas au courant qu'il s'agit d'un jeu. Ils pensent juste que, sans aucun doute, ces adultes sont définitivement fous ! Bref, cela ajouté à l'habituelle ferveur d'un groupe de 30 gamins lorsqu'il s'agit d'animer une salle pendant un repas, et vous imaginez la scène complètement absurde que l'on peut obtenir. Un vrai régal !

    L'instruction qui m'a été donnée était de me lever et de crier "Visca el cao!" ("vive le chaos !") lorsque deux animatrices faisaient une danse spéciale avec les pieds ; mission accomplie avec brio :)

    Le soir, quand les enfants dorment, petite soirée entre adultes avec musique, jeu (on ne compte pas les points "parce qu'on s'en fout de savoir qui gagne"), bières et moscatel. En prime, session maquillage des petites têtes endormies dans les dortoirs pour créer quelques surprises au réveil... Très drôle, ça aussi !

    Le lendemain, dimanche, des parents d'enfants et d'animateurs nous rejoignent pour manger des calçots, un mets typiquement catalan. Il s'agit d'une variété d'oignons que l'on grille au barbecue et que l'on trempe dans une sauce faite notamment de tomate, d'amande et de poivron.

    But dans les arrêts de jeu

    Bien content de me retrouver (enfin) immergé dans la culture locale, je savoure ce repas comme il se doit, et il faut bien le dire, c'est délicieux. Simple et délicieux. Les animateurs continuent quant à eux leurs activités burlesques en parsemant le repas de divers chants et danses inattendus. Très drôle encore une fois !

    Puis l'endroit se vide petit à petit, les familles repartant vers Barcelone. Le soir, je rentre à la grande maison où Thomas est resté ce weekend. Épuisé. Épuisé, mais content d'avoir vu ce que j'ai vu, vécu ce que j'ai vécu, goûté ce que j'ai goûté, rencontré qui j'ai rencontré. Voilà. L'imprévu, ça ne pouvait pas être que mauvais, ce n'était pas possible. Ce weekend, c'était la confirmation qu'il fallait rester 1 mois de plus malgré les mauvaises nouvelles, c'était la réussite quand on ne l'attend plus, c'était un but dans les arrêts de jeu. Et plus simplement, c'était un rappel au sourire d'être un voyageur qui trimbale son sac sans vraiment savoir où il le posera le jour suivant. A moi la route !

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  • Commentaires

    1
    jordi
    Lundi 24 Février 2014 à 19:56

    JEREMIE: Bravo!


     


    J'ai vraiment apprécié votre écriture et surtout le contenu. Je vois que vous avez été en mesure de bien comprendre l'esprit du groupe. 


     


    La seule chose qui n'explique pas la grande quantité de "calçots" qu'est-ce que vous mangez! 


     


    Au plaisir de vous revoir bientôt!


     


    Jordi Tardós

    2
    Lundi 24 Février 2014 à 20:34

    Haha merci beaucoup Jordi, à bientôt peut-être !

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