• Qu'est-ce que je ferais pas pour revoir Mytilène ! 1/4

    Encore du mouvement ! Me revoilà avec plein de choses à vous raconter, mes assidus ! Cette fois, on passe à l'échelle supérieure : je suis parti en Grèce en stop. Je me suis lancé sans trop savoir le pourquoi du comment, plus par envie de reprendre la route qu'avec un but précis. Et d'ailleurs, je n'étais pas complètement sûr que j'allais en Grèce. Et si je m'y retrouvais finalement, je n'étais pas sûr non plus que le voyage s'arrêterait là. Bref, zéro certitude si ce n'est celle d'un départ imminent, et cela suffit amplement. Sac à dos, sac de couchage, tente, et à moi la route ! Une contrainte quand même : je souhaitais ne dépenser que 10€ par jour au maximum, ce qui était large, étant donné que je n'avais a priori que la nourriture à acheter. A quelques imprévus près...

     

    Jour 1 : Remise en route

     

    Départ de Sallanches, ma chère ville natale qui commence sérieusement à me sortir par les yeux. L'avantage de naître dans des endroits pareils, c'est que ça incite au voyage. Alors soyons optimistes et ne voyons que cet aspect-là des choses !

    Départ, disais-je donc, et je me retrouve rapidement à Chamonix, d'où je m'attends à atteindre l'Italie sous peu. Mais pas si simple. J'attends en fait 2 heures avant de passer enfin le tunnel du Mont-Blanc... Et rester bloqué 2 heures quand on est encore si près de chez soi, ça n'a pas grand chose d'encourageant, vous en conviendrez. Pourtant, je suis de bonne humeur, et même content d'être là, dans l'incertain, dans le précaire, prêt à décoller d'une minute à l'autre, ou pas. Selon le bon vouloir des gens. Ça fait des semaines que j'attends ça, et rien ne me découragera aujourd'hui, ce n'est même pas une décision, ce n'est pas de la détermination parce que ce n'est même pas un effort, c'est juste un fait : je suis sur la route, le reste me passe au dessus. Alors pendant 2 heures, je chantonne.

    Et puis s'arrête un certain Nicolas, avec qui je vais rester un bon moment puisqu'il va m'emmener jusqu'à Vigevano, soit 220 kilomètres à l'est, à proximité de Milan. Discussions très intéressantes tout au long du trajet. Nicolas a beaucoup voyagé, il a vécu dans divers endroits, parle des langues, connaît des cultures... Il me donne des conseils, par exemple si je me retrouve un jour piégé par des fous d'Allah : quand ils me demanderont mes croyances, il faudra leur répondre que je "cherche ma voie". C'est la seule manière de ne pas mériter de me faire trucider à leurs yeux... Intéressant. Il précise que les plus dangereux sont les Sunnites, que je n'ai rien à craindre des Chiites. Intéressant encore.

    Nous parlons de beaucoup de choses, et puis nous voilà à Vigevano. Nous sommes en fin d'après-midi, Nicolas me pose près du centre de la ville en me laissant sa carte. Première rencontre vraiment sympa, je suis définitivement content d'être là !

    Je ne sais pas si j'essaie d'avancer encore ou si je commence à chercher un endroit où camper. Alors je me dirige vers la sortie est de la ville, et si je vois quelque chose en chemin, je l'envisagerai. En marchant, je me rends compte que je suis un peu trop chargé, que j'aurai du mal à enchaîner les kilomètres à pied en cas de besoin... Je n'ai pourtant pris que le nécessaire, mais ne sachant pas pour combien de temps je partais, le nécessaire impliquait aussi quelques vêtements chauds et même une tenue de WWOOFING. Résultat : sac un peu lourd. Tant pis, mais il faudra prendre ça en compte.

    En chemin, je vois un bar à drôle d'allure, étrangement petit au milieu d'une étendue d'herbe qui pourrait en accueillir 10 comme lui. C'est drôle, mais ça fait son charme. Je passe mon chemin, puis me trouve bête et fais demi-tour. Puisque ce bar me plaît, pourquoi ne m'y arrêterais-je pas pour boire un verre ? Ce n'est pas plus compliqué que ça. Ce que je ne sais pas encore, c'est que le barman se montrera très accueillant, m'offrira à manger et m'autorisera même à planter ma tente derrière le bar, sur cette étendue d'herbe. Ce n'est pas plus compliqué que ça, disais-je.

    En début de soirée, nous discutons en buvant une bière. Il y a aussi un ami du barman, ils s'entraident pour essayer de communiquer avec moi en anglais, c'est parfois laborieux et ça nous fait rire. Vient un moment où j'accepte de tirer sur un joint. D'habitude, je ne fume pas, mais on n'est pas en voyage pour suivre des habitudes. De toute façon, ça ne me fait pas grand chose, juste un souffle pas très agréable dans la gorge. Et je n'aime pas le goût. Mais ça me plaît d'avoir dit oui.

     

    Jour 2 : Pavia ne m'aura pas deux fois

     

    Réveil vers 7h et départ dans la foulée. Je n'ai pas trop l'habitude de plier cette tente, mais je m'en sors bien, je me suis entraîné avant de partir. Prévoyant, le routard !

    Je commence le stop avec appréhension : mes lecteurs les plus habitués d'entre vous se rappellent peut-être ma mauvaise expérience dans le nord de l'Italie... C'était il y a exactement 2 ans. J'avais dû abandonner et prendre le train après des heures et des heures d'immobilité aux environs de Pavia, au sud de Milan... Tiens, Pavia ! C'est précisément la ville vers laquelle je me dirige ce matin. Hasard pas très rassurant, vu les souvenirs que j'ai du coin... Je n'attends toutefois qu'une dizaine de minutes avant de quitter Vigevano. Une fois à Pavia, je marche une bonne heure vers la sortie de la ville. Je me sens très fatigué ; je l'étais déjà au départ de Sallanches hier, et dormir en tente n'est pas ce qu'il y a de plus reposant. J'espère ne pas traîner cette fatigue de jour en jour trop longtemps...

    Une fois à la sortie de Pavia, je me retrouve sur cette route que je reconnais très bien, et le souvenir n'est pas des plus tendres. Des heures d'attente, de la marche au bord de la nationale, le poids du sac... La venue de la nuit alors que je n'ai presque pas avancé, ma tente à proximité des habitations, une lampe dans ma direction, des aboiements qui se rapprochent dans la nuit... Et l'abandon, au lendemain, après encore de vaines heures à essayer d'avancer... Pavia, me voici de retour ! Je vais devoir remettre ça, mais le challenge ne m'impressionne pas tellement, je ferai ce que je peux, voilà tout.

    Résultat : un scénario totalement révisé ! Un vieil avocat à moitié francophone me prend très rapidement. Il m'emmène à proximité d'un village où il habite, à une vingtaine de minutes de mon point de départ. Toujours aussi fatigué, je décide de faire une petite sieste derrière quelques arbres sur le bord de la route. Une demi-heure plus tard, me revoilà à tendre le pouce. L'attente est un peu plus longue cette fois, mais un type finit par s'arrêter : il va à Bologne. 

    Ce n'est pas exactement mon chemin, ça tire vers le sud, mais j'accepte au nom d'une loi que je n'ai pas encore explicitée à ce moment-là (même pas à moi-même) : accepter toutes les destinations que l'on me proposera, détour ou pas détour. En l'occurrence, j'en profite pour faire un pas de 200 km, même si ce n'est pas exactement dans ma direction, ça ne se refuse pas ! Et puis, ai-je vraiment une direction ?

    Après un trajet sur fond de musique rock et de discussions superficielles, je me retrouve à la gare de Bologne. Et ça tombe bien : comme il est très difficile de quitter une grande ville en stop, je vais prendre le train. Je demande un billet vers la prochaine ville au nord : direction Ferrara. Je paie 4€ et quelques et constate qu'aucun contrôle n'est opéré à bord... Bon à savoir.

    J'arrive à Ferrara en fin d'après-midi et il est temps de trouver un endroit où camper ce soir. Quelques personnes m'indiquent un parc. Je le trouve et l'explore rapidement : pas idéal, mais il fera l'affaire, à condition de m'installer plus tard histoire d'éviter d'être trop vu. (Evidemment, le camping sauvage est interdit en Italie, comme en France et comme à peu près partout). En attendant, je décide d'aller trouver un bar sympa pour boire un verre et peut-être rencontrer des locaux. J'arrête un couple et leur demande où je peux trouver un tel endroit. Ils réfléchissent, parlent entre eux en italien... et me proposent tout simplement de venir manger chez eux ! J'accepte, enchanté.

    Roberto et Elisa vivent dans une maison assez impressionnante. Elle s'étale sur 3 vastes étages dont la visite doit être compliquée sans guide... Je m'y perdrais à coup sûr ! Le loyer, même si je ne me souviens pas de son montant exact, est pourtant très abordable pour un jeune couple. La raison ? Le bâtiment peut s'écrouler d'un moment à l'autre. C'est bien sûr très peu probable, mais ça ne passe pas au niveau de la loi. Du coup, Roberto et Elisa profitent de cet énorme espace... Partiellement du moins, car l'occuper entièrement relèverait plus du défi que du confort. Ils habitent en fait un seul étage, et c'est amplement suffisant.

     

     

    Au repas ce soir : panzerrotis faits maison ! Les panzerrotis, ce sont de petites pizzas calzones, mais on les frit plutôt que de les cuire au four. C'est une spécialité du sud de l'Italie. Et comme Roberto est un ancien boulanger, il prépare lui-même la pâte... Un régal. Un pur régal.

    A travers l'Europe 1/3

    A travers l'Europe 1/3

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Je passe donc une excellente soirée avec mes hôtes et une amie à eux. Ils sont voyageurs eux aussi, mais ça, je l'avais deviné à la spontanéité avec laquelle ils m'ont reçu. Nous nous racontons nos vadrouilles, et puis nos vies. Vers minuit, je me couche sur le canapé.

     

    Jour 3 : Camper à Venise est une idée de cons

     

    Au matin, Roberto et Elisa partent passer le weekend à la mer. Je les accompagne donc à bord de leur van jusqu'à la côte est de l'Italie. Avant de nous séparer, ils tiennent à me montrer Comacchio, ce petit village que l'on surnomme "la petite Venise".

    Qu'est-ce que je ferais pas pour revoir Mytilène ! 1/3

     

    De là, je reprends le stop, en direction de Venise, la vraie, cette fois. La route ressemble à une nationale française : pas très large, rapide, trafic dense. Pas le mieux pour le stop, mais je finis par m'en sortir par petites étapes. Habituellement, je n'aime pas aborder les gens pour leur demander de m'emmener, je trouve que ça leur force la main et je préfère quand ils s'arrêtent par eux-mêmes. Mais cette fois, je me force un peu. La nuit approche et je suis trop près de Venise pour accepter de ne pas l'atteindre aujourd'hui-même ! Oui, c'est de l'impatience, et ça n'a pas beaucoup de sens : arriver à Venise dès ce soir pour quoi faire ? Me retrouver dans l'un des endroits les moins propices imaginales pour planter une tente ? Alors que je pourrais m'installer ici tranquillement pour la nuit et prendre la journée de demain pour arriver à Venise et la visiter sereinement...

    Mais je cède à la précipitation, aborde cette petite famille à une station essence et me retrouve grâce à eux à Venise en fin de journée.

    Je ne vais pas vous bombarder de photos, elle ne sont pas belles, et franchement, Venise, ça se regarde, ça ne se photographie pas. Mes photos ne traduisent pas ce que c'est que d'avoir ce lieu sous les yeux. Si certains d'entre vous y sont déjà allés, ils confirmeront !

    Et puis moi, je commence à avoir autre chose à faire que de prendre de jolies photos : chercher où dormir, par exemple. Comme prévu, je ne vois pas l'esquisse d'une chance de pouvoir camper par ici... Les quelques personnes à qui je demande conseil n'ont pas plus d'idées que moi. J'ère un peu, et le sac se fait lourd. J'envisage de chercher un coin dans la gare de Venise, sans conviction. En marchant encore, je finis par trouver un grand parking entouré de quelques buissons. Il fait noir, je suis fatigué, je ne ferai pas un pas de plus.

    Je vais dormir là, sur les cailloux, entre un grillage et un buisson. Bien sûr, j'aurais dû rester en dehors de Venise pour ce soir, passer une nuit tranquille dans ma tente et arriver demain. Je n'ai pas voulu, j'assume !

    Après avoir acquis la certitude qu'il me sera impossible de m'endormir sur ces fichus cailloux, je décide de vider mon sac et de recouvrir le sol de vêtements. Ce matelas improvisé m'aidera à trouver une sorte de sommeil.

    « Ça marche aussi en France 2/2Qu'est-ce que je ferais pas pour revoir Mytilène ! 2/4 »

  • Commentaires

    1
    Pouce-raki
    Jeudi 30 Octobre 2014 à 15:50

    Geia sou pusti mou !

    Très intéressant, comme d'hab' !

    Je me permets de mettre mon petit grain de sel pour le chapitre "Camper à Venise est une idée de cons", car pour moi qui ai vécu la même situation à Venise, c'est l'un des souvenirs de camping les plus mémorables ! D'ailleurs, je me demande comment tu n'as pas pu y penser sur le moment... Tout simplement passer a nuit dans une vieille gondole !!!

     

    Pour la petite histoire, nous cherchions également un endroit où dormir dans Venise, et après avoir demandé aux étudiants, sans résultats, c'est dans un tout petit bar très sympa (où nous nous sommes vus offrir les verres et la nourriture) que nous avons risqué la question. Après quelques secondes de réflexion, le barman nous répond: "Et pourquoi pas dans une vieille gondole dans une petite rue, il y en a plein !" Ca c'est une idée ! Et effectivement, après avoir trouvé une petite rue déserte avec quelques gondoles à quai, nous nous sommes installés dans l'une d'elles et avons passé une très bonne nuit, dans les canaux de Venise, bercés par les flots, sous les étoiles ! Que demander de plus ! Et c'est dire, au petit matin, une vieille dame a ouvert ses volets juste au-dessus de nous, nous a regardé, et comme si tout était parfaitement normal, nous a lancé un "Buongiorno !"... Décidément une bonne nuit !

     

    Au moins, tu le sauras pour la prochaine fois ! ;)

     

    J'attends la suite !

     

    Do.

    2
    Samedi 1er Novembre 2014 à 11:38

    Ah, géniale idée en effet ! Ca ne m'est même pas passé par la tête... Et je ne sais pas si j'aurais osé. Quand on voyage à plusieurs, on ose plus !

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :