• Qu'est-ce que je ferais pas pour revoir Mytilène ! 2/4

    Jour 4 : L'Italie finit par tenir ses promesses

     

    Il n'est même pas 7h du matin quand je décide de renoncer à prolonger cette nuit inconfortable au possible. Je me suis reposé comme j'ai pu, le harcèlement des moustiques n'aidant pas, et je m'en vais usé et couvert de piqûres ; mais déterminé à quitter l'Italie aujourd'hui-même ! 180 km, ça devrait être jouable, surtout en partant si tôt.

    Je commence par prendre le train pour sortir de Venise. J'en profite pour y rester un peu plus que mon ticket ne me l'autorise, et je me retrouve à Quarto d'Altino, une petite ville très calme où j'entreprends de faire du stop. Conscient d'être en Italie du nord, (donc en terre hostile lorsqu'on est un autostoppeur !), je m'arme de détermination et m'efforce d'être patient. Je resterai 4 heures s'il le faut ! Il n'y a peut-être qu'un seul type dans cette foutue ville qui soit susceptible de prendre quelqu'un en stop, eh bien je serai là quand il passera !

    Tu parles.

    2 heures plus tard, je suis de retour à la gare. J'ai acheté un sandwich en chemin... Un bout de fromage entre deux morceaux de pain. Et ils appellent ça un panini. 3€. Quarto d'Altino aura vraiment été une escale foireuse. C'est sans doute sur des endroits comme celui-là que se fonde la mauvaise réputation de l'Italie du nord... D'un point de vue routard, du moins.

    J'achète un ticket vers la prochaine ville (histoire d'avoir quand même quelque chose à présenter en cas de contrôle) et prends le train sur une bonne centaine de kilomètres, jusqu'à Monfalcone. De là, j'atteins Trieste en stop et me rapproche donc sérieusement de la frontière slovène. Ma conductrice s'arrête un peu avant la ville pour me faire profiter de la vue.

     

    Entre l'attente à la gare, les deux trajets en train et l'autostop en vain, la fin de journée approche déjà. J'hésite à rester à Trieste et remettre la Slovénie à demain, mais devant ma difficulté à trouver un endroit où dormir, je décide de reprendre le stop.

    J'arrive finalement à Koper (Slovénie) juste avant la nuit et plante ma tente sur une étendue d'herbe au milieu de la ville. Je suis visible, mais plusieurs passants m'ont assuré que personne ne viendrait me déloger. Tant mieux, j'ai du sommeil à récupérer !

     

    Jour 5 : C'est pour des journées pareilles que je voyage

     

    Au matin, je marche jusqu'au supermarché Lidl et constate l'étonnant respect que les Slovènes vouent aux passages piétons... Ca paraît tout bête, mais c'est à voir ! Assurément, un aveugle n'a aucun souci à se faire lorsqu'il se balade dans Koper ! Vous n'êtes même pas encore arrivé au bord de la route que les voitures s'arrêtent déjà pour anticiper votre traversée. Une discipline bluffante et systématique ! C'est ici qu'il faudrait envoyer les Parisiens en stage, je vous le dis !

    J'arrive donc au supermarché où, après avoir acheté un peu à manger, je rencontre deux routards Polonais. Ils voyagent à travers l'Europe en stop et font de la musique et du jonglage dans la rue. Discussion sympa, puis rapidement je m'en vais trouver où tendre le pouce. Je me poste à une sortie de rond-point, comme je peux, et je mets peu de temps à comprendre qu'il me sera difficile de décoller d'ici. Et ne voyant pas les deux Polonais arriver, je me dis qu'il doit y avoir un autre endroit plus stratégique. Je décide d'aller explorer un peu mieux les environs.

    Après avoir tâtonné autour de l'entrée d'autoroute et traversé un pont interdit aux piétons, je trouve un autre rond-point ainsi que mes deux Polonais, pancarte en main. Ma parole, ils sont encore moins bien placés que moi ! Ils attendent à l'extérieur d'un virage, juste avant la voie d'accélération de l'autoroute, avec très peu de place pour que les voitures s'arrêtent. La seule chose qui me fait penser qu'ils ont une chance d'être pris, c'est que leur pancarte est un peu fantaisiste, et qu'ils font les cons sur le bord de la route pour faire rire les gens. Et ça, pour sûr, ça plaît. Du coup, je me pose un peu à l'écart avec un bouquin : s'ils sont pris, soit je me mettrais sur le même emplacement, soit avec plus de chance je serai embarqué avec eux...

    Mais après une demi-heure de lecture, j'en ai déjà marre de ne rien faire. Je décide de souhaiter bonne chance aux Polonais et de retourner vers mon premier emplacement. Au milieu du pont interdit aux piétons, je revois la bretelle d'autoroute qui part vers l'est, comme j'aimerais le faire moi aussi... Un peu plus bas, après un long virage, j'aperçois un coin d'herbe sur le bord de la route, et je me dis que posté à cet endroit-là, j'aurais quand même pas mal de chances d'être pris, malgré l'interdiction aux piétons... Seulement il faut l'atteindre, ce coin d'herbe. Et comme je suis déjà sur un pont où je ne suis pas censé être, je n'hésite pas longtemps à pousser l'interdit un peu plus loin : je me lance dans la bretelle à pas rapides, prêt à passer de l'autre côté de la barrière si une voiture déboule dans le virage. Par chance, j'atteins mon coin d'herbe sans que cela arrive.

    Une petite demi-heure plus tard, je suis en voiture avec Vogka et son bébé. Elle m'invite à manger chez elle avec son mari, ce que j'accepte évidemment avec plaisir. Vogka et Iztok habitent Kozina, en Slovénie toujours, dans un petit quartier pavillonnaire à l'Américaine. Ils sont ici de passage en attendant la fin de travaux dans leur maison de Koper. Ils sont enchantés de recevoir un voyageur et leur accueil est très chaleureux.

    En début d'après-midi, Vogka me dépose sur la route qui part vers la Croatie, et je suis très vite pris par un certain Goran. Il m'annonce qu'il va sur l'île de Krk (non, ceci n'est pas une faute de frappe ! Krk), et je décide donc d'appliquer cette règle consistant à accepter toute destination : je serai à Krk ce soir, plus exactement au village de Vrbnik, Croatie.

     

    Discussions très intéressantes avec Goran, à propos de tout un tas de choses, de l'éducation à la méditation en passant par les catégories sociales, la connaissance de soi etc. Et nos vécus, un peu. Il me raconte notamment comment un jour il s'est retrouvé à une réunion professionnelle au sommet de la plus prestigieuse tour de la ville, avec une vue imprenable sur le squat rudimentaire dans lequel il vivait quelques années auparavant... Il voyait là une raison de n'accepter aucune catégorie : elles ne sont que des photographies du moment présent et chacun possède en soi les moyens d'en changer d'un moment à l'autre. En mieux, en moins bien, ou juste en différent. Résumé rapide d'un bout de notre conversation.

    A la frontière, je suis traité comme un hippie-vagabond-clandestin-dealer, ou un truc comme ça. Avant que le type ne commence à me poser ses questions, j'ouvre la portière arrière pour lui donner mon sac, histoire qu'il fouille et qu'il me lâche. Il m'en empêche, dit que le sac, c'est pour plus tard. Après quelques questions, lorsqu'il voit que je m'ennuie avec lui et donc que je suis à l'opposé de tout stress, il commence à se dire que je n'ai peut-être rien à me reprocher. Le coup de grâce sera lorsqu'il constatera que je n'ai même pas de tabac dans ma sacoche. I don't smoke, Sir. Il me laisse partir sans même toucher à mon sac.

    Arrivé à Vrbnik, je fonds littéralement... Ce village est tout ce que j'aime. Surplombant la mer, il est fait de petites rues étroites qui respirent l'authenticité. Vrbnik restera sans hésiter mon coup de cœur de tout ce voyage.

     

    Et d'un coup, du même village : 

     

     

    En fin d'après-midi, après une rapide dégustation des vins locaux (très bons d'ailleurs), je plante ma tente dans un coin isolé, face à la mer.

     

    Jour 6 : Faire des kilomètres et c'est déjà bien

     

    Au matin, je quitte l'emplacement où j'ai passé la nuit par le même chemin qu'à l'aller.

     

    Puis, par 5 voitures dont 3 en provenance d'Autriche (?! Je suis probablement dans un coin à vacanciers autrichiens), je parviens à quitter l'île de Krk pour continuer à longer la mer en direction du sud-est. 

    L'autostop fonctionne ensuite très bien puisque j'atteins Zadar (230 km) en milieu d'après-midi par une magnifique route longeant la côte croate. Un pur plaisir pendant près de 2 heures. Le conducteur m'annonce qu'il va en fait à Nin, ce qui constitue pour moi un détour, mais j'accepte encore.

    Nin est une toute petite ville qui a pour particularité d'être entourée d'eau. On l'atteint par un pont.

    En dehors de ça, rien de spécial, quelques habitations, des commerces à touristes. Je ne m'y attarde pas.

    Retour à Zadar, en voiture avec un jeune couple très sympa. Je leur demande conseil sur un endroit où aller boire un verre. Ils me posent dans la vieille ville, à un bar nommé "Zodiak". Ils disent que c'est un bar alternatif où je peux rencontrer des gens. Mais comme souvent lorsqu'on me parle de lieu "alternatif", je ne ressens rien de tel une fois sur place. Je m'assieds au bar, et la conversation que j'essaie de lancer avec le barman reste stérile... Une conversation, ça s'alimente à deux, mais lui, ça ne semble pas l'intéresser. Je bois ma bière et m'en vais chercher à manger, puis un endroit où dormir. Après une assez longue marche le long de la mer, à m'éloigner du centre, je trouve un terrain inhabité. J'hésite à y aller. L'endroit est entouré d'habitations et je ne pense pas qu'on verra d'un bon œil l'arrivée d'une tente sous les fenêtres... Je finis par décider que j'ai assez marché, et que de me faire déloger ne constitue de toute façon pas un risque plus effrayant que ça. Juste pénible. On verra bien. Je m'installe et bonne nuit les voisins !

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