• Si j'aurais su, j'aurais venu avant

    Hola compañeros! Comme annoncé, je vous livre bien peu d'articles ces temps-ci, mais un de temps en temps ne fait quand même pas de mal. Il se trouve que j'ai vraiment peu de temps pour faire autre chose que travailler... ce qui est un peu dommage, d'ailleurs, et croyez-moi, j'y réfléchis...

    Toujours est-il que je suis parvenu il y a peu à m'organiser un weekend à Cuenca, en Equateur. Je suis parti avec Quentin, un pote français qui travaille aussi à l'Alliance Française de Chiclayo. Un bus de nuit à la sortie du travail, et hop, nous voilà en terre équatorienne le samedi, sur les coups de 6h30 du matin.

    Un ami m'a décrit Cuenca comme étant "ben une ville, quoi". Ah. Juste ça ? J'ai dit que tant pis, je voulais y aller quand même. Et me voilà. Sauf que rapidement, je me surprends non pas à m'accommoder passablement de cette ben-une-ville-quoi, mais tout simplement à adorer l'endroit, que je ne connais pourtant presque pas. Sans aller chercher dans de la description sophistiquée, je me sens bien ici, voilà tout.

    Quand on ne s'attend à rien de spécial, on se satisfait de tout ce qui vient, remarqueront certains. Mais ce n'est pas juste ça, et je ne mets pas beaucoup plus de temps à le comprendre. C'est simplement que cette ville est bien plus agréable que Chiclayo : plus jolie, plus tranquille, plus aérée, plus accueillante... Un véritable bol d'air, d'autant plus surprenant que je ne me doutais pas du tout que j'en avais besoin. Je me croyais content, moi. Drôle de sentence, quand on y pense. Je réalise ni plus ni moins que le décor dans lequel j'évolue depuis 3 mois ne m'enchante pas du tout d'une part, et d'autre part que j'ai passé toutes ces dernières semaines à refuser de me l'avouer. Tête dans le guidon.

    Après un excellent petit-déjeuner dans l'auberge de la Cigale, conseillée par un taxi et futur QG du weekend, nous foulons les trottoirs de la vieille ville. La grande place à proximité de l'auberge, avec ses 2 cathédrales, et la petite place des fleurs, juste à côté, exclusivement destinée à héberger quotidiennement une dizaine de stands de fleuristes. Petit plaisir visuel et olfactif au passage.

    Dans le bus de ville, nous sommes un peu stupéfaits de constater que le paiement se fait par une machine. Et encore un peu plus stupéfaits lorsque ladite machine ne nous rend pas la monnaie... Se fait alors entendre la voix d'une petite dame toute souriante qui nous explique que nous devons simplement attendre le prochain passager. Nous lui tendrons la main, et au lieu de payer la machine, il comprendra que nous attendons notre monnaie et qu'il doit donc nous payer nous. C'est comme ça, c'est le système admis. Et effectivement, c'est ce qui se passe quelques minutes plus tard. Nous sourions à notre tour : ce système est génial d'honnêteté et de simplicité ! Et la manière dont cette femme s'est adressée à nous aussi.

    Au fil de la journée, alors que nous visitons des villages alentours, nous mesurons l'étonnante gentillesse des gens. Tous nous répondent avec le sourire et nous donnent plus d'informations que nous n'en demandons. Au milieu d'une petite rue à pied de colline où l'on s'attend à ne rien trouver d'autre que de la tranquillité, nous apercevons un espace à moitié couvert où il semble que l'on serve à manger. Sourires sur les visages lorsque nous entrons : ça ne doit pas être souvent que 2 gringos* arrivent jusqu'ici. Re-sourires lorsque je demande une assiette sans viande : ils sont surprenants, ces Occidentaux ! Du coup, ils servent la même chose à Quentin, qui n'est pas spécialement végétarien mais accepte son assiette sans sourciller. Nous paierons en tout et pour tout 2$ (l'Equateur est au dollar américain) au lieu de 8, un prix improvisé par nos hôtes et qui pourrait correspondre à quelque chose comme le tarif "gringo végétarien". Adorable en somme !

    * Je me rends compte en relisant que je vous sors le mot "gringo" comme ça, brut d'explication, comme une évidence. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est ainsi qu'on appelles les Blancs en Amérique latine. Le terme peut être péjoratif ou pas, selon comment il est dit... Son étymologie est d'ailleurs très intéressante puisque 3 explications sont envisagées :

    - Premièrement, ça pourrait être une déformation du mot "griego" (= grec), et par conséquent désigner ceux qui parlent un langage incompréhensible.

    - Deuxièmement, ça pourrait tout aussi bien venir de l'anglais "Green go", sachant que les militaires américains qui passaient en Amérique du sud dans l'histoire portaient des uniformes verts. Deux interprétations s'opposent alors :

                   - Soit le terme "Green go" est extrait d'une chanson entonnée par ces militaires pour se donner du courage. Les Latinos auraient alors commencé à les surnommer "gringos" en entendant ce chant à répétition.

                    - Soit c'est une appellation inventée par les Sud-Américains signifiant "les verts, partez !". "Green, go!", "gringo".

    Au retour à Cuenca, nous partageons un taxi avec une fille, et une fois à bord nous rendons compte que nous sommes tous 3 français. Elle vit à Machala, sur les côtes équatoriennes, où elle enseigne le français à des enfants. Elle va boire un verre avec d'autres Françaises et nous propose de la suivre, ce que nous acceptons volontiers. Nous passerons la soirée avec elles, notamment à danser au "Zoociedad", un bar très sympa qui nous gardera jusqu'aux environs de 4h du matin.

    (Je voudrais ouvrir une parenthèse à propos de cet épisode. Il est plus ou moins admis chez les routards et les "alternatifs" que lorsque l'on voyage, c'est pour rencontrer des locaux, et que de rester avec d'autres Français n'est rien d'autre qu'une perte de temps. Il y a quelques années, je pensais moi-même ainsi. Certains jetteraient un œil presque méprisant à celui qui tolérerait des amitiés franco-françaises en dehors de nos frontières.

    Eh bien avec l'expérience, je peux dire que cette manière de penser n'a pas beaucoup de sens. Lorsque l'on prend la route, on cherche certes à entrer en contact avec les habitants des villes qu'on traverse, mais on est tout aussi heureux de rencontrer d'autres voyageurs. Et qu'importe d'où ils viennent ! Nous qui sommes les premiers à transpercer les frontières comme si de rien n'était, devrions-nous ensuite être les premiers à faire de la discrimination anti-Français une fois à l'autre bout de l'océan ? Ça ne tient pas.

    Un voyageur est intéressant de par son parcours, sa personnalité, peut-être ses idées, mais en général pas par les inscriptions qui décorent sa carte d'identité. Voilà, il me fallait glisser ça au passage. Fin de la parenthèse.)

    Le lendemain, départ pour le parc naturel d'El Cajas après une courte nuit à l'auberge. Le parc est gigantesque (voir les photos sur Google Images) et offre la possibilité de plusieurs balades plus ou moins tranquilles. Enthousiastes malgré la fatigue, nous optons pour la plus difficile (qui n'est pas si redoutable que ça, si ce n'est que la première heure est bien raide). Mine de rien, nous sommes à plus de 4200m d'altitude au point culminant de la randonnée, ce qui peut paraître impressionnant du point de vue européen mais est finalement assez commun en Amérique du sud. La ville de Cuenca étant déjà à 2500m, on peut concevoir qu'une virée dans les hauteurs nous fasse vite passer les 3000 puis les 4000.

    Pour rentrer du parc, le système de bus étant capricieux, nous faisons du stop. Une petite famille nous embarque rapidement, tout aussi sympa que tous les gens rencontrés à Cuenca jusqu'ici.

    Le soir, il est déjà temps de repartir vers Chiclayo dans notre bus de nuit. Le séjour fut bref mais vraiment agréable, fait d'explorations vivifiantes et de rencontres rafraîchissantes. Sûr que ça donne des envies d'encore, et je rentre avec la ferme intention de me dégoter plus de temps pour m'esquiver à l'avenir. Ça me donnera aussi l'occasion de vous écrire un peu plus souvent !

    Allez, à plus tard !

    « Bon, c'est pas le Pé... Ah ben si !Tour du Pérou, tour de soi-même ! (1/5) »

  • Commentaires

    1
    Marie
    Dimanche 20 Septembre 2015 à 22:51

    Bueno !  yes


     

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