• Tout d'abord, non, cet article ne traite pas d'homosexualité. Ca, c'est fait.

    Encore que la manière dont s'y prennent les Grecs en amour pourrait bien susciter quelques envies de retourner sa veste (et de se faire retourner le reste). Bon.

    En France, on a le "suis-moi, je te fuis, fuis-moi, je te suis". J'avoue qu'avant la Grèce je m'en plaignais, je trouvais ça superficiel, faux, manipulateur, égoïste etc. Beaucoup d'adjectifs, et pas les plus envoûtants. Maintenant, je trouve ça sympa, au moins on sait à peu près comment ça fonctionne, et puis ça reste gentillet.

    En Grèce, je ne sais pas s'ils ont une phrase pour dire ça, mais elle pourrait ressembler à : "fuis-moi, je te fuis aussi, tu finiras par arrêter". Si tu apprécies une fille, tu es bien souvent complètement bloqué. Si tu vas lui parler, elle te fait courir, si tu n'y vas pas, elle attend. Si tu tardes un peu, elle te rappelle sa présence en venant danser près de toi jusqu'à ce que tu la regardes, puis elle repart. Alors tu essaies des choses, la méthode directe, l'indifférence, un va-et-vient entre les deux, toutes sortes de dosages expérimentaux. Tu obtiens des sourires, mais ils veulent tout dire et son contraire.

    Je crois que quand une Grecque te trouve beau, elle pense que toutes les autres filles te trouvent beau aussi. Du coup, tu entres automatiquement dans la catégorie du playboy briseur de coeurs, ou un truc comme ça. Tu n'as encore pas dit un mot, pas esquissé un regard, mais tu es déjà foutu... Tu es le mec de qui il faut se méfier. Peut-être serait-ce plus facile avec une fille qui ne t'a même pas remarqué, qui te trouve "bof", qui accepte tout juste de te parler parce que tu n'as pas l'air méchant ?

    Au bout d'un moment, tu tombes sur une fille avec qui tout se passe très bien. Ca arrive quand même. Vous vous entendez bien, vous passez de bons moments, vous vous rapprochez sérieusement. Vous restez 5-6 mois ensemble, puis elle vous dit : "je t'aime, mais c'est impossible pour moi d'être en couple, alors je te quitte".

    Excellente occasion de goûter les alcools locaux, raki, ouzo, vin de Limnos, whisky de chez Lidl. Grand accès de temps libre pour regarder la mer, composer des textes sur la météo de novembre, écouter l'album Varsovie de Saez. Tant d'activités qui te manquaient.

    Je ne suis plus étonné de la réputation romantico-érotique attribuée aux Français. Explorer l'alternative m'a fait comprendre. Que les choses soient claires, j'adore les Grecs, leur culture, leur Mytilène. Mais qu'ils se marient entre eux, et tout le monde sera content !

    Maintenant je vous le dis, femmes françaises, vous me les brisez parfois, mais je vous aime !


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  • Je ne vous ai pas écrit grand chose ces derniers temps, je sais. En fait, je n'ai pas vadrouillé autant que je l'aurais voulu depuis plusieurs mois. Cet état de faits est dû d'une part à ma situation financière : je ne suis plus étudiant cette année mais prof de français en cours particuliers, ce qui veut dire concrètement qu'aux bourses du CROUS se sont substitués quelques maigres salaires irréguliers. D'autre part, mon immobilité s'explique par une entorse de la cheville (avec quelques complications), qui m'a forcé à ravaler mes envies d'Ikaria ou autres îles grecques plus attirantes les unes que les autres pendant plusieurs mois.

     

    Retour aux bonnes habitudes

    Bref, me revoilà. Non pas que ma cheville soit complètement rétablie, ni que de l'argent me soit tombé du ciel, mais il arrive un moment où l'on fait avec les moyens du bord. J'ai été invité à rapper au festival hip-hop de Kavala, le même auquel j'avais déjà participé l'année dernière (sauf qu'il était cette fois en hommage à un des membres du collectif décédé cette année, très jeune, d'un cancer).

    Je ne pouvais évidemment pas refuser ça, d'abord parce que de manière générale je ne me vois pas refuser une scène, quelle qu'elle soit, mais surtout parce que de me balader un peu me manquait terriblement.

    Après une nuit de bateau, je débarque donc à Καβάλα avec Anna où nous rejoignons Liakos. Nous avons pris l'habitude de rapper ensemble depuis plusieurs mois, sous le nom de "Chaussettes différentes" (en français dans le texte !). Nous sommes 5 dans le groupe, mais seuls Liakos, Anna et moi avons été en mesure de faire le déplacement cette fois.

     

    Le festival n'est qu'après-demain. Nous passons deux jours à nous promener, à nous baigner, à répéter quelques textes.

     Cap vers le nord 1/2 : Le festival hip-hop de Kavala

     

    Liakos est originaire d'ici, il est hébergé par son père. Pour ma part, je suis déjà passé plusieurs fois par Kavala et je me sais le bienvenu dans le squat de la ville. Vous vous souvenez de ce squat ? Celui dont je vous avais parlé ici : http://mitilini.eklablog.com/vadrouille-dans-le-nord-de-la-grece-3-3-a42366744 ? Maintenant, ce sont des amis, j'y vais même avec Anna qui y trouvera aussi un lit.

     

    Le festival

    Le samedi après-midi, nous arrivons sur les lieux du festival, l'équivalent de ce qu'on appellerait en France un IUT (Institut Universitaire Technologique), disons une fac pour simplifier.

    Mauvaise nouvelle : on nous a placés en ouverture des concerts, soit à 18h. Nous sommes un peu déçus, mais tant pis, ça ne nous empêchera pas d'apprécier et de donner ce qu'on a !

    Dès mon arrivée, je tombe nez à nez avec Vasso, une de mes élèves à Mytilène qui est de passage par ici et a décidé d'assister au festival. Première coïncidence d'une petite série que vous n'imaginez pas encore...

    ... Première coïncidence, pas exactement. Il y a quelques semaines, j'ai découvert par hasard sur la page internet du festival qu'un certain "One sec before the end" figurait également sur la liste des rappeurs... One sec before the end, ça vous dit quelque chose ?

    Ou ici avec les paroles en dessous : http://snd.sc/10OYhP3

    C'est le premier Grec avec qui j'ai fait un featuring ! C'était à Thessalonique, il y a plus d'un an. Du coup je l'ai contacté pour lui dire que je serais à Kavala aussi, et bien sûr nous y chanterons notre morceau commun.

    Après Vasso, je le retrouve d'ailleurs assez rapidement, ainsi que quelques personnes que je connais d'ici-même, un an plus tôt. De discussions en verres de vin en spectacle de breakdance, la soirée arrive et les concerts commencent.

    Les concerts sont très bons, avec des groupes venant de divers endroits, dont des amis de ce Litteral X décédé il y a quelques mois. Parmi eux, le groupe antifasciste français La Fibre, dont j'ai déjà croisé le nom sur internet, et que je reverrai peut-être en septembre.

    Après mon passage sur scène, je regarde le groupe suivant quand un type s'approche de moi et commence à me parler en français. Il est suisse, a apprécié ma prestation et veut me mettre en contact avec un certain Monsieur Connard, apparemment un bon beatmaker. Je lui donne mon adresse mail, on verra bien !

    Nous rentrons au squat au petit matin.

     

    J'avais pas compris la leçon

    Après quelques heures de repos, je me lève, descends m'asseoir dehors où quelques personnes discutent déjà, dont Anna. Liakos nous rejoint peu après et nous discutons du retour à Mytilène. Si nous prenons le bateau ici, nous devons attendre jusqu'à mercredi soir, ce qui fait un peu loin. Il y a en revanche un départ de Thessalonique demain à 15h. Liakos nous explique qu'il va partir aujourd'hui en bus et dormir chez sa tante. Je dis que j'irais bien à Thessalonique dès aujourd'hui, moi aussi. Anna dit qu'elle n'a pas d'argent pour le bus... Je dis que je ne comptais de toute façon pas prendre le bus...

     

    Vous souvenez-vous de la galère qu'a été l'autostop lorsqu'il y a un peu plus d'un, j'avais voulu faire Thessalonique-Serres-Kavala ? Je vous l'ai raconté ici : http://mitilini.eklablog.com/vadrouille-dans-le-nord-de-la-grece-2-3-a41632747

    Et bien je suis assez insouciant pour m'y lancer de nouveau ! Je me dis : je suis avec une fille, ça marchera mieux.

    Il est environ 16h30 et nous marchons vers la sortie de la ville. Postés à un bon emplacement, nous attendons une demi-heure pour qu'une voiture s'arrête : un petit vieux très gentil, mais qui ne va qu'à l'hôpital, soit quelques kilomètres plus loin. Pour nous, il pousse un petit peu plus loin et nous pose sur la bretelle d'entrée de quelque chose qui ressemble à une autoroute. Sympa. De là, encore une bonne heure d'attente, puis une drôle de grosse voiture orange s'arrête. Ce sont deux types qui vont à la plage à proximité du prochain village. Quelques kilomètres de plus, ce n'est jamais de refus ! Le problème c'est que les deux baigneurs nous laissent à une sortie de l'espèce d'autoroute, et là, difficile de trouver un emplacement. Une sortie d'autoroute, sûrement le dernier endroit que je choisirais. Nous nous plaçons donc tout simplement sur le bord de la route, à la fin d'une ligne droite pour être bien visibles, mais conscients que les voitures roulent vite et que nos chances sont faibles (je veux dire : encore plus qu'avant)...

    Une grosse demi-heure plus tard, une voiture s'arrête, mais pas franchement celle attendue : la police. Ce qu'on est en train de faire est dangereux etc. Bon, ils font leur travail. Ils nous prennent et nous emmènent à une station de repos où la fréquence de passage dans le sens de Thessalonique doit être d'une voiture toutes les 3 minutes. Sûrement que ces policiers-là étaient de bonne foi et voulaient faire les choses bien, mais pour le coup, c'était difficile de nous mettre en plus mauvaise situation que celle-là. Avec un trafic normal, on n'y arrive déjà pas ! Alors là...

    Nous essayons néanmoins, mais ne sommes pas surpris d'être perpétuellement ignorés, comme souvent. Nous nous imaginons camper par ici, dans un champ, mais celà ne ferait que repousser le problème à demain matin... Une petite heure plus tard, un bus Alexandroupoli-Thessalonique s'arrête à la station. C'est peut-être notre chance. Nous trouvons le chauffeur et lui demandons si, exceptionnellement, il ne prendrait pas en cours de route 2 voyageurs égarés là... Le type répond d'abord qu'il n'est pas censé faire ce genre de choses. Mais cela m'aurait étonné qu'un Grec s'arrête à cette idée-là ! Ici, le "ce qu'on est censé faire" n'a pas la moitié du charisme d'un "ce que j'ai envie de faire". Il nous prend pour 7,50€ chacun.

    Nous arrivons à Thessalonique à 21h30, soit exactement en même temps que Liakos, très surpris de nous trouver à la station de bus. Tu as payé combien ? 10€. Bon, 2,50€ d'économies, soyons-en fiers !

    Direction le centre de Thessalonique.


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  • Καμάρα (Kamara)

    Kamara est plus ou moins le lieu central de Thessalonique. Juste en face, les étudiants viennent s'asseoir, discuter, boire une bière. Liakos passe chez sa tante qui habite tout près, Anna et moi l'attendons ici.

    Je décide d'aller chercher 2 parts de pizza à 0,80€ pièce (avec les prix de Thessalonique, on ne dit pas non), Anna garde les sacs. La dernière fois que je suis venu à Thessalonique, je vous ai raconté comment je suis tombé sur Christos, un ami de Mytilène, totalement par hasard dans une soirée. Cette fois, je vois une fille courir vers moi en disant "Jérémie" ! J'ouvre de grands yeux incrédules. Liza ! Une autre amie de Mytilène ! Elle est déjà apparue dans ce  blog à l'occasion de ma virée en Crète. Thessalonique, c'est quand même la 2ème plus grande ville de Grèce, comment est-ce possible que j'y croise un ami de Mytilène à chaque venue ?! Bref, nous discutons un peu, je fais la connaissance de Manos, l'ami de Liza chez qui elle est hébergée ici. Je vais chercher mes parts de pizza puis nous rejoignons Anna. Liza était en voyage en Espagne et au Portugal, elle a atterri à Thessalonique et prend le bateau pour Mytilène demain, comme Anna, Liakos et moi. Et Vasso, que j'ai vue à Kavala.

    Manos nous parle d'un concert de rap dans un bar, je dis que ça m'intéresse. Liakos, lui, veut aller avec sa soeur et d'autres amis dans un bar réputé pour son vin. Nous décidons donc de nous séparer, direction le concert de rap. Nous nous retrouverons plus tard, ou au pire au port demain.

    Sur le chemin, un type hèle Liza. Elle s'arrête pour lui parler 2 minutes puis m'explique en repartant qu'il s'agit d'un ami qu'elle connaît de Lisbonne, où ils ont été hébergés par la même personne... Encore un hasard assez fou. Thessalonique, terre de coïncidences !

     

    On remet ça ?

    Mais ce n'est pas tout. Nous arrivons dans le fameux bar, et qu'est-ce que je m'aperçois-je (comme dirait Coluche) ? Le rappeur qui tient le microphone est l'un des 2 rappeurs du groupe italien de la veille à Kavala ! J'explore du regard le reste du bar : l'autre Italien, le groupe français, l'Espagnol, l'Américaine, quelques rappeurs grecs, ils étaient une dizaine à s'être retrouvés là pour un open mic (c'est-à-dire que les instrumentales s'enchaînent et n'importe qui peut prendre le micro à tout moment). Je suis étourdi par un pareil coup du hasard, un de plus. Ils ont dû venir à Thessalonique pour la même raison que moi : prendre l'avion (pour moi c'est le bateau) demain pour rentrer chez eux. Qu'on se retrouve dans la même ville, ça fait déjà sourire, mais dans le même bar...

    Bref, je prends évidemment le micro à 2 ou 3 reprises, j'applaudis les autres, on se refait le festival d'hier, 150 kilomètres plus loin. Je discute avec un rappeur de La Fibre, le groupe français. Ils viennent de Millau et sont proches du Collectif Mary Read, assez emblématique du rap antifasciste français. Je garde contact et nous nous reverrons peut-être en septembre à l'occasion d'un festival qu'ils organisent.

    Je discute aussi avec la rappeuse américaine. Elle vient de San Francisco et habite dans un squat à Milan. Elle me raconte comme l'Europe est pour elle un véritable bol d'air. Là d'où elle vient (géographiquement et socialement), on travaille tous les jours sans vacances, on ne sait pas ce qu'est une aide sociale, on ne sait même pas que ça existe ailleurs. On n'a d'échappatoire pour rien, et notamment, l'idée d'occuper un endroit inutilisé pour en faire un squat relève de la fable. Là d'où elle vient, on ne vit pas, on subit tout parce que c'est la condition de survie. Je me demande si l'Europe se dirige vers cette déchéance-là aussi. Sûrement que certaines personnes y èrent déjà. Elle, elle s'est évadée. C'est peut-être facile à dire, mais c'est ce que j'essaierai(s) de faire aussi, sûr.

    La soirée se termine tranquillement, Manos (l'ami de Liza) nous héberge (Anna et moi).

     

    Voilà

    Ce fut bref mais très ressourçant. Bonne musique, bonnes rencontres, bons moments, et toutes ces coïncidences, à Kavala comme à Thessalonique. Le bateau part à 15h et arrive demain à 6h du matin. Nous achetons à manger pour tout ce temps (un énorme sandwich pour au moins 1 repas et demi + une bonne part de pizza : 3€) puis arrivons au port. Là, nous tombons sur Klairi, une autre connaissance de Mytilène, accompagnée d'un type que je ne connais que de visage. Ils feront le trajet avec nous. Dans le bateau, j'écris un peu, je lis, on discute. Quelques heures plus tard, alors que le soleil descend et que la mer est d'un beau bleu pur, des dauphins  saluent notre passage avec grâce. Je n'avais pas d'appareil photo, alors j'en prends une sur internet ; ça ressemblait à ça, avec le coucher de soleil en plus...

    Cap vers le nord 2/2 : Thessaloniki, terre de coïncidences


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  • Au début de mon dernier récit sur Kavala et Thessalonique, j'ai évoqué mon entorse de la cheville, que je me suis faite il y a quelques mois maintenant. L'occasion d'expérimenter le système de santé grec, ses hôpitaux, ses pratiques... Eh ben c'est pas du luxe !

     

    Aller à l'hôpital, ou comment perdre son temps...

    J'arrive à l'hôpital de Mytilène aux environ de 2h du matin. Je viens de me tordre un peu violemment la cheville gauche, bêtement, alors que je m'apprêtais à rentrer d'une petite soirée (pour les Grecs, 2h, ce n'est pas si tard, disons que c'est l'équivalent de minuit en France). Un ami (Mano) m'accompagne et, même si ma cheville me fait un peu mal, nous patientons en gardant une certaine bonne humeur, et même en riant un peu. L'une des femmes de l'accueil commence à imiter nos rires, l'air de dire "tu parles d'un grand blessé, ça passe son temps à ricaner". Agacé, je réponds : "What, should I cry?" (Quoi, je devrais pleurer ?). Pas de réponse, alors je répète plus fort : "What, should I cry?" Toujours rien. Mano se met à parler en grec. Nous nous faisons manifestement bien comprendre, puisque ces femmes de l'accueil seront par la suite très gentilles jusqu'à notre sortie.

    Un docteur mal réveillé finit par arriver, le regard pas très vif, un épi sur la tête. Il fait son boulot quasiment sans parler. Ce n'est pas cassé, il met un bandage et retourne se coucher. Je suppose. Et moi, je pars sans rien payer ; c'est comme ça, ici.

    Retour à la maison en taxi, je me demande comment je vais monter les escaliers pour aller jusqu'à ma chambre. Arrivé chez moi, je me rends compte d'un gros coup de chance dans mon malheur : une paire de béquilles m'attend derrière la machine à laver. Non, il ne s'agit pas d'une aide surnaturelle décidée par un improbable dieu des éclopés nocturnes, mais simplement d'un état de faits que j'avais oublié : un ami parti quelques mois en Nouvelle-Calédonie a laissé chez nous quelques affaires qu'il ne savait pas où mettre en attendant son retour... dont cette chère et tendre paire de béquilles ! Je m'en saisis et monte me coucher.

    Au réveil, je me rends compte que le médecin ne m'a même pas dit ce que j'ai. Ceci dit, à part une entrose, je ne vois pas trop ce que ça pourrait être. Il ne m'a pas dit non plus combien de temps je dois garder le bandage, ni combien de temps je dois utiliser des béquilles, ni si je dois mettre de la glace sur ma cheville. Bref, je ne sais rien. Je me dis que pour qu'il ait expédié les choses avec tant de légèreté, je ne dois pas avoir grand chose de sérieux. D'ici deux semaines, je joue au foot !

    Tu parles. Un mois plus tard, je suis encore boîteux, la cheville toujours enflée, et rien ne semble annoncer une quelconque évolution. Je mets un peu de glace parce que tout le monde me dit que je devrais. Au bout d'un moment, je retourne à l'hôpital avec un autre ami, Panos. Des heures d'attente, une radio, encore de l'attente, tout ça pour entendre : il faut attendre encore, peut-être faire de la kiné. Merci.

     

    Tu paies ou tu crèves

    Après un peu d'hésitation, je contacte une amie dont le frère est kiné. En Grèce, on paie toujours moins quand on passe par des amis. Le type s'appelle Thanos, il est très accueillant, très sympa. Il localise rapidement mon problème : j'ai en effet un ligament trop souple, il faut le rééduquer. La blessure était sans doute conséquente pour qu'il soit encore dans cet état plus d'un mois après le choc.

    Nous faisons quelques séances, Thanos me prévient que si ce ligament ne se soigne pas dans les deux semaines, c'est qu'il y a autre chose. Il faudra aller faire un IRM.

    Un mois plus tard, pas la moindre évolution : pas le choix, IRM (250€ + consultation du médecin pour analyser les résultats). J'ai, en plus de cette entorse, un oedème dans la cheville (ça doit avoir un nom, mais je n'y connais rien). Ca dure généralement entre 3 et 5 mois, il faut prendre un anti-inflammatoire tous les jours, mettre de la glace 4 fois par jour, porter une chaussette orthopédique et continuer la kiné. Rien que ça. Dire que le médecin de l'hôpital m'a laissé partir avec un pauvre bandage...

    En continuant la kiné, je sympathise avec Thanos, et nous parlons notamment de ce système de santé grec qui ne tient pas la route. Il m'explique que le pire, c'est lorsque l'on a besoin d'une opération. La plupart des médecins exige que le patient leur donne, en plus du prix de l'opération, une somme en cash qui peut tourner autour de 500€, parfois plus. Si le patient est réticent, le médecin fait pression en repoussant l'opération, en laissant penser qu'il le laisserait crever s'il n'accepte pas ce véritable racket. Et les gens cèdent, que faire d'autre ? Tout le monde connaît cette pratique, personne ne dit rien. Thanos me dit même que certains patients glissent un billet au médecin avant même qu'il ne le réclame, et ce par peur d'être mal soigné... C'est juste abominable ! Heureusement, il reste possible de trouver des médecins intègres et de s'en tirer autrement. Mais s'il s'agit d'une urgence, on ne choisit pas forcément sur qui on tombe...

    Thanos me raconte qu'il y a quelques années, sa soeur et lui étaient étudiants à Thessalonique. Un jour, sa soeur est en ville, elle l'appelle parce qu'elle se sent mal. Il va la chercher en voiture, elle lui tombe dans les bras et s'évanouit. Il l'emmène à l'hôpital. Emoragie interne, opération d'urgence. Le médecin va voir Thanos : si vous voulez que tout se passe bien, ce sera 600€.

    Bien sûr, on se dit : "moi dans ce cas, je lui envoie ma main dans la gueule, à cette enflure" ! En tout cas, c'est ce que j'ai dit, moi. Mais lorsqu'on est dans la situation, qu'on est inquiet pour sa soeur, qu'on n'a pas de recul, et puis qu'on a grandi dans un système qui fonctionne comme ça, on reste juste bouche bée. On appelle ses parents, et on se débrouille pour trouver les 600€.

    Voilà le système de santé grec : tu n'as pas d'argent ? Crève !

    Pour ma part, la note ressemblera à ça :

    IRM+Docteur 300€  -  Médicaments 18€  -  Chaussette orthopédique 7,5€  -  20 séances de kiné 500€

     

    Sûr que s'il y a une chose dont on peut se satisfaire en France, c'est quand même la Sécurité sociale...


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  • Salut la compagnie !

    J'ai décidé de continuer à poster un article de temps en temps sur ce blog bien qu'il soit originellement consacré à mon séjour prolongé en Grèce. D'où le changement de titre dudit blog, pour ceux qui suivent.

    Alors voilà, à la suite de mon retour en France le 28 juin 2013 exactement, j'ai continué de vadrouiller, cette fois en terres plus connues. On dit que la France est l'un des meilleurs pays où se promener en autostop, une sacrée aubaine pour moi, amateur d'inconnu, d'imprévu, mais aussi de voyages économiques. Donc d'autostop.

    Durant ces mois de juillet et août, j'ai parcouru près de 4000 kilomètres en autostop en posant mes sacs dans 54 véhicules différents. De cette expérience, j'ai décidé de vous pondre un condensé de conseils à l'autostoppeur débutant. C'est parti !

     

     

    <><>    MES CONSEILS STRATEGIQUES POUR L'AUTOSTOP EN FRANCE   <><>

     

    Bien se placer

    Bon, là c'est la base : être visible de loin, choisir un endroit où les voitures ne roulent pas vite et ont de la place pour s'arrêter sans risquer de provoquer un carambolage. Bien se placer est vraiment essentiel et permet la plupart du temps de ne pas attendre plus de 30 minutes, souvent beaucoup moins. Etre mal placé peut vous bloquer pendant des heures...

    Sur l'autoroute, préférer les péages aux aires, surtout à l'abord des grandes villes. Exemple avec Lyon : en m'arrêtant à une aire un peu avant, je suis resté bloqué 3 heures (ma plus grosse galère de l'été), tout simplement parce que la plupart des gens qui passaient allaient à Lyon et que sur ma pancarte figurait Clermont-Ferrand. Peu de gens continuaient au-delà de Lyon, et encore moins dans ma direction. A l'inverse aujourd'hui-même, je me suis fait poser sur un péage à la sortie de Lyon, j'ai été pris en 10 minutes. Bien sûr, ce conseil là n'est pas toujours applicable, mais à suivre dans la mesure du possible...

     

    (Bien) utiliser une pancarte

    Ecrire le nom de la prochaine "grande" ville plutôt que le nom de votre destination finale. Ne soyez pas rêveur, on trouve très rarement un Lyon-Marseille direct, ou alors après une sacrée attente ! Il sera plus efficace d'écrire Valence, par exemple. L'autostop, c'est souvent étape par étape.

    Ne pas hésiter à écrire deux noms de villes. Valence Montélimar, par exemple. Certains conducteurs ne s'arrêtent qu'à condition d'aller exactement au même endroit que vous. Auprès de ce type de conducteur là, vous augmenterez donc vos chances d'être pris.

     

    Préparer son départ

    Noter les villes par lesquelles vous passerez, cela permet d'actualiser sa pancarte au fil du trajet. Repérer les endroits où les autoroutes bifurquent pour pouvoir faire attention à ne pas vous faire embarquer sur la mauvaise route. Par exemple, lors de mon Cognac-Paris, je suis monté dans une voiture qui allait à Nantes et nous ne savions pas à quel moment l'autoroute se séparait en deux pour aller d'une part vers Paris et d'autre part vers Nantes. La bifurcation pouvait arriver à tout moment. Le conducteur a donc dû me déposer plus tôt que nécessaire sur une aire afin d'être sûr de ne pas m'emmener dans la mauvaise direction. Si j'avais regardé avant, j'aurais gagné quelques dizaines de kilomètres.

    Prévoir du papier, du scotch, un marqueur, pour pouvoir coller une nouvelle destination à votre pancarte au lieu de devoir en trouver une nouvelle.

    Partir tôt, si possible avec une tente. Même si l'autostop est facile en France, on n'est jamais sûr à 100% d'arriver dans la journée. Et bien sûr, l'autostop de nuit est nettement moins efficace.

     

    Et quelques autres conseils

    Vous avez peut-être en tête l'image classique du chauffeur routier qui, seul sur de longs trajets, aime la compagnie d'autostoppeurs pour se changer les idées. Oubliez ça ! Une loi leur interdit désormais de telles pratiques, ils vous refuseront tous leur aide.

    Ce n'est pas parce qu'il y a du trafic que ça prend mieux. D'abord, une circulation dense stresse les gens et leur remplit la tête de choses peu compatibles avec l'idée qu'un inconnu sorti de nulle part prenne place à bord de leur véhicule. Pas envie de compagnie, pas envie de conversation. Deuxièmement, il est plus difficile de s'arrêter lorsqu'une file de voitures vous colle au derrière. Je vois certains conducteurs regarder dans leur rétro avant de décider s'ils me prennent ou pas. Troisièmement enfin, lorsque le trafic est faible voire que les voitures sont rares, cela rend les gens plus solidaires. A 8h du matin sur une petite route du Gard où passait peut-être une voiture toutes les 2 minutes, par exemple, j'ai été pris par la deuxième. Il vaut donc mieux se séparer de l'idée intuitive que plus il y a de trafic plus l'autostop a de chances de fonctionner, c'est loin d'être si simple !

    Pour finir, une petite astuce que, même si je ne peux pas réellement la vérifier, je crois efficace : toujours laisser ses sacs bien visibles. Je pense que ça rassure le conducteur. Je pense que certaines personnes ont peur des autostoppeurs et que les sacs leur montrent que vous êtes bel et bien un voyageur et non un agresseur, un voleur ou je ne sais quelle sorte de délinquant. L'une de mes conductrices de cet été m'a clairement affirmé qu'elle ne prenait que les autostoppeurs possédant un sac. A mon avis, elle est loin d'être la seule à se fier à ce genre d'indices.

     

    Voilà ! Pour le reste, une bonne météo, un peu de chance et de jugeote, et la France est à vous !


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