• Un petit moment déjà que j'ai visité cette fac athénienne, mais je n'avais pas encore pris le temps de poster ici ce qui m'en a le plus parlé : les graffs. Et comme je sais que certains d'entre vous ont des connaissances voire des expériences en la matière, autant lui consacrer un article.

    En arrivant à la cantine de cette fac sans avoir regardé l'heure, je me rends compte qu'elle n'est pas encore ouverte. Alors j'attends, zyeute vaguement. Au début, un petit dessin isolé dans un recoin discret.

    Il me plaît assez, et je me dis qu'il est dommage d'en voir si peu. Mais rien ne semble indiquer que d'autres artistes soient passés par là, si ce n'est quelques gribouillis sans grand intérêt, une quinzaine de mètres sur le côté. Je m'en approche, plus pour passer le temps qu'autre chose, et voilà ma découverte : l'entrée d'un parking couvert... qui se révèlera digne d'une véritable galerie de graffs.

    En plus d'être d'un bon niveau, ces graffs semblent avoir été autorisés, avec des emplacements attribués par la fac elle-même. Et là, il devient difficile de nier que le graffiti est bel et bien un art et qu'il apporte un vrai plus à l'esthétique de l'endroit. Bref, je suis bien content de ma trouvaille.

     

    Conclusions :

    - Vaut mieux aller à la cantine quand on a faim que quand elle est ouverte.

    - Regarder l'heure est un truc d'ignare.

    - Pas de plus belles trouvailles que celles qu'on ne cherche pas.


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    Jour 1 : C'est pas trop tôt

    Après plus d'une semaine à attendre que la météo s'arrange et permette la circulation des bateaux, après avoir changé mes plans 2 ou 3 fois pour diverses raisons plus ou moins foireuses, me voilà débarquant à Θεσσαλονίκη (Thessalonique, 2ème ville de Grèce) aux alentours de 12h30 (au lieu de 10h, bien entendu).

    Je ne sais pas où je dormirai le soir-même, mais ce n'est pas vraiment le genre de question qui me tracasse pour le moment. Je m'arrête chez Giorgos, le pote d'une pote qui a pris le même bateau que moi. Il s'avère très sympa et me montre qu'on peut manger gratuitement à la fac de Thessalonique. On parle de la politique grecque, de la grosse manif de la veille que j'ai ratée etc. La fille qui nous a présentés ponctue nos élans anarchistes par des "oh, poor police" et autres "oh, poor banks" (je n'invente rien, elle disait ça sérieusement). Le gars et moi échangeons des regards ahuris mais nous contentons de la contredire calmement. Elle continue de jouer la sentimentalo-capitaliste qui en fait ne comprend tout simplement rien. On zappe.

    Je finis par partir tout seul me balader (ce pour quoi je suis venu, quand même). Je marche quelques heures dans la ville. C'est pas mal, mais ça reste une ville. En même temps, je ne sais pas vraiment à quoi je pouvais m'attendre d'autre. Après quelques heures, je m'assieds au bord de la mer pour faire une pause, envisage d'écrire un petit couplet... Mais que vois-je au loin ? La même fille, à qui j'avais dit au revoir, qui avait visiblement décidé de se balader au même endroit que moi à la même heure, et qui se dirigeait vers moi. Deux millions et demi d'habitants à Thessalonique, et j'arrive à croiser la seule personne que je connaisse dans la ville par pur hasard... Ce n'est pas que ce soit un plaisir particulier, vous l'aurez compris, mais du coup nous partons marcher un peu en longeant la mer. Et finalement, après qu'une fille sur qui je comptais pour m'héberger ou me trouver un hôte m'a lâché en ne répondant plus au téléphone, je finis par dormir chez le gars du début de journée, Giorgos.

     

    Jour 2 : Thessalonique est trop grande

    Vers 17h, je bois une bière avec un ami de Mitilini qui est lui aussi de passage à Thessalonique. Avant ça, je m'emmerde un peu. Les grandes villes, ce n'est plus trop mon truc, il va falloir en faire une vérité générale. Cinq ans à Paris, ça suffit.

    J'écris quand même le fameux couplet que l'autre m'a forcé à avorter hier. Et ça donne :

    L'hirondelle ne fait pas le printemps, t'façon il changerait quoi le printemps ? /
    A Athènes on brûle des bâtiments pour se réchauffer un instant /
    La barre du métro est froide comme un discours /
    On demande aux SDF de nous faire des ristournes /
    Y'a plus de sens à rien, tu retournes la Terre elle reste ronde /
    La peste reste la peste, même déguisée en peste blonde /
    On a négligé le fait que la maladie n'est pas qu'physique /
    Qu'on peut te mettre en état critique juste par les mots et par l'psychique /
    Et c'est la pire des guerres, car c'est celle qu'on n'attendait pas /
    La désinformation, la peur, les savants débats /
    Qui aux questionnements de fond préfèrent ceux qui le touchent /
    Entourer le fond de trop de forme, et c'est comme ça qu'ils l'étouffent /
    On parle du système au lieu de parler de la vie /
    Alors qu'il est censé, ce système, être au service de cette vie /
    Et voilà l'erreur : faire du système une fin en soi /
    Menant à des aberrations comme la mort de faim ou d'froid /

    Il est pas mal, mais je ne l'enregistrerai probablement pas.

    Le soir, une couchsurfeuse m'héberge après une courte soirée. RAS. Demain, je me casse.

     

    Jour 3 : Into the wild (à échelle Playmobile)

    Περιστερά (Peristera) est un petit village que les bus de Thessalonique atteignent pour l'astronomique somme de 1 €. Aux abords de ce village vit un fermier et penseur alternatif passionné de voyages et révolté contre l'évolution de nos sociétés. Il a notamment fait une escapade de 14 mois tout autour du Monde en vélo. Et il est inscrit sur le site Couchsurfing.org. Je suis arrivé chez lui en ce 3ème jour de voyage, et j'ai respiré !

    Je suis parti me promener sur une route "pré-montagneuse" dont le trafic aux heures de pointe doit frôler les 2 voitures par heure. Collines sur la gauche, petits ravins (ou grosses pentes) sur la droite, j'ai marché dans le silence pendant peut-être une heure et demi. J'ai beaucoup pensé à la vie alternative en voyant tout ce que les gens balancent dans les ravins. Des bouts de meuble, des matelas, des vêtements, des récipients en tous genres etc etc. J'ai écrit dans mon calepin : "On peut construire n'importe quoi à partir de ce qu'on trouve n'importe où" (non, ceci n'est pas un remix du slogan de Rémi Gaillard, merci). Je me suis mis dans la peau de quelqu'un qui avait tout à construire, ici et maintenant. Et je me suis dit que c'était possible. Pas facile, mais possible. Et ça m'a mis une espèce de hargne d'un instant, exagérée, un peu disproportionnée, comme si elle avait pris de l'élan pendant tout le temps où je ne lui avais pas trop laissé de place, et qu'elle jaillissait maintenant comme un éclair de vie. Parce que oui, ça fait du bien de croire en des choses un peu surréalistes de temps en temps... Et puis avec tous les moments que je passe à ne me focaliser que sur les aspects quasi-insurmontables de mes projets, il faut bien que je m'accorde un peu de repos.

    Pendant cette promenade, parallèlement à cette espèce d'euphorie ponctuelle, j'ai abouti au retour d'une idée que j'avais eu besoin de bannir de dégoût et de phobie à la suite d'une peine d'emprisonnement scolaire purgée de manière bien trop intensive : l'autodiscipline. Des années que je ne supportais plus ce mot. Me voilà en voie de guérison ; et heureusement, parce qu'assurément, j'en aurai besoin, de l'autodiscipline, si je veux m'émanciper de tout un tas d'aliénations que j'abrite et dont je ne connais même pas l'existence pour certaines d'entre elles. Mais qui sont bel et bien là... Et qui font du système l'imposteur de la vie... Bon, je ne repars pas dans mon couplet habituel, l'inconscient, l'école, les médias etc., vous connaissez déjà pour la plupart d'entre vous.

     

    Jour 4 : Ces gens qu'on ne prévoit pas de rencontrer

    "Il faut absolument que tu reviennes jeudi soir, c'est le premier jour du Carnaval et en plus il y a une soirée hip-hop avec open mic !". C'est ce que m'avait dit Nasta, la couchsurfeuse qui m'a hébergé à Thessalonique, en me voyant partir à Peristera. J'avais dit "peut-être" en me disant "peut-être pas", parce que ça ne me laissait que 24h dans le petit village. Mais finalement, j'y suis retourné, à Thessalonique, et je n'ai pas regretté.

    Pour commencer, une fille que je connais de Mitilini a décidé de me rejoindre pour me dire au revoir avant son départ pour un semestre erasmus aux Pays-Bas. Elle reste jusqu'au lendemain.

    Après l'avoir retrouvée, direction Zerminal (non, le propriétaire des lieux ne zozote pas, simplement ils n'ont pas le son "j" en grec, alors ils font comme ils peuvent... disons en fait que si, tous les Grecs zozotent). D'ailleurs, il faudra désormais m'appeler Zérémie, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. Zerminal est donc le fameux bar où se tient une soirée hip-hop. Un groupe sympa a débuté, puis le DJ m'a appelé. Je lui ai dit que je n'avais pas d'instru, il m'en a envoyé une qui sonnait très bien, j'ai fait Plus bêle la vie (pour rappel, mes morceaux sont en écoute ici). Puis j'ai enchaîné sur une autre instrumentale avec Anarchie. Après, j'ai rendu le micro, d'une part parce que je n'ai plus en mémoire tous mes textes vu que je n'ai pas fait de scène depuis juillet dernier, d'autre part parce que personne ne comprenait rien aux textes et que ça aurait rapidement lassé. Ma prestation a plu, et j'ai même eu droit à un "you were 20 levels above the others". Thank you very much !

    Ensuite, direction le centre de Thessalonique avec quelques gens de Zerminal. Nous tombons sur une soirée en plein air en l'honneur du premier jour de Carnaval (une grande fête nationale d'une dizaine de jours qui semble pas mal compter en Grèce). Les gens sont déguisés et dansent dans tous les sens, l'ambiance est très bonne et la bière pas chère, je dis "on reste ici !" et tout le monde semble d'accord. La totale, c'est que bien évidemment, en traversant la foule je me retrouve nez à nez avec Christos, le pote de Mitilini avec qui j'ai bu un coup le 2ème jour et que je n'avais pas du tout prévu de revoir à Thessalonique. Et c'est parti jusqu'à 5h...

    Du coup dans tout ce bordel, je discute avec le DJ de Zerminal, qui est aussi un couchsurfer, et même un ami de Nasta, mon autre couchsurfeuse à Thessalonique. Il s'appelle Vassilis, il rappe, fait des instrus et rend occasionnellement service comme DJ. Alors devinez quoi ?

    Non, quand même...

    Ben si !

    Jour 5 : écriture, pâtes, écriture, bières.

    Jour 6 : enregistrement dans un très bon home studio. Et voilà :

    Haha, vous ne l'attendiez pas, celle-là !

     

    Aux alentours de 17h, départ pour Serres, plus compliqué que prévu...


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  • Jour 6 (suite) : Je n'ai pas pris le bus

    Départ pour Serres plus compliqué que prévu, disais-je. Parce que l'élément que je n'ai pas encore mentionné, c'est que je suis arrivé dans le nord de la Grèce avec l'idée de ne me déplacer qu'en stop. C'est économique et ça fait des rencontres, deux bonnes raisons de tenter l'expérience.

    En fin d'après-midi donc, je quitte le home studio, prends un bus vers le nord-est de la ville et pars en quête d'un endroit à peu près judicieux pour tendre le pouce. Serres est à quelques 80 km. Je marche sur le bord d'une espèce d'autoroute pas vraiment étudiée pour les piétons, je galère un petit peu mais finis par me poster à un endroit où les voitures sont obligées de ralentir et où les conducteurs peuvent me voir de loin. "Fais attention, le stop ça ne marche pas trop par ici", qu'ils disaient. Tu parles ! Cinq minutes plus tard je suis dans la voiture d'un petit vieux tout souriant, à farfouiller dans mes connaissances très limitées de la langue grecque pour raconter ma vie à mon chauffeur monolingue. Il me parle aussi un peu, je ne comprends pas tout, mais la situation est sympathique.

    Et il y a notamment une chose que je n'ai pas comprise, c'est que ce petit monsieur ne va pas jusqu'à Serres mais tourne avant vers un village. Une demi-heure plus tard, il me dépose à une station essence à 19km de Serres. Pas de problème, je vais continuer à faire du stop, j'ai été pris en 5 minutes la première fois, ça ne devrait pas être plus compliqué ici. Il fait nuit, mais le bout de route où je me place est bien éclairé et les voitures ont de la place pour s'arrêter. Il est environ 19h30.

    20h.

    ... 20h30.

    "Fais attention, le stop ça ne marche pas trop par ici".

    21h30, la station essence ferme. Je me retrouve soudainement dans le noir. J'ai vu des dizaines de voitures passer, des dizaines de sièges vides me narguer, des dizaines de regards m'ignorer. Je me sens transparent, un peu énervé, un peu dépité. Je m'approche de la station essence, demande s'il y a une cabine téléphonique dans les parages pour appeler la couchsurfeuse qui m'attend à Serres. Négatif. J'aborde un routier pour savoir s'il va vers Serres, il lance un vague "no" sans même me regarder. J'essaie encore avec les dernières voitures qui quittent la station, 3 d'entre elles ne daignent même pas ouvrir leur fenêtre, la quatrième regrette vraiment mais ne va pas vers Serres.

    Je me dis que les Grecs du nord sont cons comme des Français. Je regarde la route s'enfoncer dans l'obscurité, j'envisage de partir à pieds, mais l'idée me semble vraiment dangereuse. Il n'y pas de place pour marcher à côté de la route, les voitures roulent vite, ma veste est noire, et je ne vois rien. Et puis pour aller où ? Je ne vais pas marcher 19 km ! Je décide de persister à faire du stop malgré le manque de lumière. Il y a encore quelques éclairages qui font qu'on peut quand même m'apercevoir. Après avoir compris que j'étais français et non bulgare (je ne sais pas ce que ça change dans sa tête de con), le mec de la station qui avait d'abord été très froid avec moi vient me voir et m'explique qu'un bus passe dans un quart d'heure pour Serres et qu'il fait un arrêt juste là, à 10 mètres de moi. Bonne nouvelle. Tant pis pour ma défaite dans mon challenge auto-stop, je prendrai le bus.

    Je tends quand même le pouce en l'attendant. Personne ne s'arrête, mais je ne suis plus surpris. Je compte les voitures en grec. Le bus passe, je lui fais signe... Il m'ignore aussi évidemment.

    Je suis là, sur le bord de cette route. Je ne sais même plus ce qui se passe dans ma tête, je suis juste à l'arrêt. Même pas abattu ou quoi que ce soit, juste à l'arrêt. Mon pouce pointe robotiquement le vide, je ne regarde rien. Il doit être 22h.  Je me dis qu'au bout de 50 voitures j'arrête, je pars à pieds et advienne que pourra. Je n'ai rien d'autre à tenter. 5 voitures plus tard, je décide que 30 suffiront. A 10, il me semble que 20 feront l'affaire. 5 minutes plus tard, je pars.

    Je marche, marche, marche, et me fais petit à petit à l'idée que je marcherai jusqu'à Serres. Je ne maudis même pas mon choix de ne pas avoir de portable, je vis cette galère comme une conséquence normale de mes choix et je suis même, quelque part, fier de l'assumer. Mon regret se trouve plutôt dans ma négligence quant à l'idée d'avoir une tente avec moi quand je fais ce genre de voyage. Je l'aurais plantée dans n'importe quel champ et l'affaire étais réglée.

    Je ne vois pas où je mets les pieds. A certains passages, je suis obligé de marcher sur la route. J'attends qu'il n'y ait pas de voiture, et je cours jusqu'au prochain endroit où je peux me mettre sur le côté. A d'autres endroits, je peux marcher de l'autre côté de la barrière de sécurité. A un moment, j'aperçois in extremis une grosse barre de fer que je m'apprête à prendre dans les genoux, je m'arrête net à quelques centimètres. Qu'est-ce que ce truc fout là ? Bref, je l'enjambe. Cinq secondes plus tard, alors que je me félicitais de ce réflexe, je me prends la 2ème barre directement dans les genoux. Quant à la 3ème, je l'enjambe en l'insultant.

    Au bout de 2 heures de marche, je commence à voir des feux rouges, des lumières, ça me redonne un peu la pêche. Je me souviens du panneau que j'ai vu 2 heures plus tôt indiquant Serres à 18 kilomètres. Il indique maintenant 8. Je vois des bâtiments, des gens, je dois être proche de l'entrée de la ville. Là, une cabine téléphonique ! J'appelle la couchsurfeuse qui m'attend, elle me demande où je suis, je lui donne le nom d'une taverne, elle me dit qu'elle arrive. Je m'assieds. Ce fut long et fatiguant, mais m'y voilà enfin !

    J'attends.

    Un mec sort de la taverne et me donne le téléphone. C'est ma couchsurfeuse. Elle m'explique qu'elle est dans la taverne que je lui ai indiquée, que je suis dans une taverne du même nom située dans un village à 5 km de Serres. Bordel, ça ne s'arrête jamais...

    Je commence à partir à pieds, et j'entends le mec de la taverne dire à son collègue de m'amener en voiture. L'autre refuse. Le premier insiste, moi je commence à m'éloigner. Ils m'interpellent. Ca n'a pas l'air d'être de bon coeur, mais le mec va m'emmener en voiture, et c'est à peu près tout ce qui compte à ce moment-là. Cette fois, c'est bon. Serres m'aura fait courir.

     


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  • Jour 7 : J'écoute et je regarde

    Balade en forêt avec ma couchsurfeuse. Elle parle beaucoup, moi non ; et ça tombe bien, parce qu'elle n'a pas l'air particulièrement disposée à prêter attention aux éventuels apports que je pourrais caser dans la "conversation". Les quelques réponses que je glisse entre ses tirades ne semblent lui servir qu'à reprendre son souffle, puisque la plupart du temps elle enchaîne ensuite comme s'il s'était agi d'un silence. Mais après tout, pourquoi pas, moi j'écoute.

    Vous avez peut-être remarqué qu'aucune photo n'apparaît sur ce blog dans les derniers articles ? J'ai bousillé mon appareil photo. Et les Grecs n'ont pas la même vision que les Français du concept de garantie d'1 an. Alors je me contenterai de vous le dire : l'endroit était très joli. Un côteau forestier traversé par une petite rivière, des vues agréables, du calme. Et pour la première fois, j'ai vu un pic-vert à l'oeuvre. C'est assez drôle, on le voit fixer le tronc pendant quelques secondes sans trop comprendre ce à quoi il peut bien réfléchir, et puis d'un coup il s'envoie la tête dedans comme un dégénéré avec un bruit de marteau-piqueur. J'espère au moins qu'à ce prix-là il a trouvé de quoi se nourrir.

     

    Jour 8 : Une fois et demi mais pas deux

    On fait vite le tour de Serres, mais aussi de la couchsurfeuse qui m'a accueillie, vu le débit de paroles (bon je me moque, mais elle était quand même très gentille et l'accueil qu'elle ma réservé a été irréprochable, autant le dire). Aujourd'hui, départ vers Καβάλα (Kavala), dernière étape avant mon retour à Mytilène. Evidemment, la grande question du moyen de transport émerge à nouveau... Alors, votre pronostic ? Assez mazo pour retenter l'autostop ou suffisamment froissé pour m'orienter directement vers la station de bus ?

    A vrai dire, je n'ai pas beaucoup hésité.

    Avec une pancarte indiquant ma destination, ça marchera mieux. "Καβάλα" écrit en grosse lettres noires sur 2 feuilles A4 jointes. Me voilà de nouveau sur le bord de la route, sollicitant l'ouverture d'esprit, la générosité, l'amour des rencontres ou même juste le besoin de compagnie des gens ; autant de concepts qui, je crois, font de moi un dangereux idéaliste totalement illuminé. Je suis cependant beaucoup moins enthousiaste que la première fois, et je sais pertinemment que je peux toujours compter sur le bus qui part à 17h30. (Evidemment, je n'ai ni montre ni portable, mais on a vu pire comme péripéties). Au bout d'une demi-heure, je me dis que je serais mieux à manger un souvlaki en attendant le bus qu'à m'emmerder ici à me faire passer pour un Bulgare. Dans 30 voitures, je m'en vais !

    10 : Y'a pas que l'économie qui est en crise ici...

    20 : Je sais même pas pourquoi j'attends les 10 prochaines pour me casser...

    27 : Une voiture ralentit. Putain, la 27ème, j'y crois pas ! Une face de Bulgare ouvre la fenêtre avec un grand sourire. Bonjour ! Bonjour, je vais à Kavala. Très bien, je peux te conduire sur les 20 premiers kilomètres.

    A ce moment, je repense à la dernière fois que j'ai entamé un voyage en stop sans le terminer... Un souvenir plutôt récent, donc. Kavala se situe à une centaine de kilomètres d'ici, peut-être un peu plus. Je m'entr'aperçois marchant 80 kilomètres pour terminer le trajet après 3 vaines heures de stop, calcule rapidement que cela pourrait me prendre quelque chose comme 16 heures, et ne mets pas trop de temps à prendre ma décision. Merci quand même !

    J'ai mangé un souvlaki et j'ai pris le bus.

     

    Jour 8 (suite) : Bonjour, je viens de la CIA

    19h30, arrivée à Kavala. Pas de couchsurfing cette fois, une connaissance de Mytilene a appelé un pote d'ici pour que je sois accueilli dans un squat. Je tâtonne un peu et peine à trouver l'endroit, jusqu'à ce qu'un mec abordé dans la rue m'y amène.

    Entré dans la maison occupée, je suis accueilli de manière assez méfiante. Cinq ou six personnes sont assises dans une pièce presque vide. On m'explique qu'une réunion va avoir lieu comme chaque semaine, pour discuter d'anarchisme, faire part de ses questionnements, doutes, problèmes d'ordre philosophique, social, individuel. On m'apprend aussi que personne n'a entendu parler de mon arrivée, qu'on ne connaît pas ce Dimitris de Mytilène dont je parle. On sous-entend que si l'on ne trouve pas qui est ce mec, je ne suis pas le bienvenu. Un quart d'heure plus tard, un certain Yanis arrive, on me dit que c'est lui qui vit dans cette maison. Quelqu'un lui parle dans l'entrée et je le vois me regarder d'un air soucieux. Il me dit de venir. Les doutes qu'ils ont à mon propos se font plus explicites, quelques coups de fil vont et viennent, les questions s'accumulent et je commence à me sentir irrespecté. Après avoir donné tous les détails que je pouvais pour tenter de leur faire comprendre, et en voyant que rien n'y faisait, je lance un "s'il y a un problème, je peux juste partir" un peu sec. Yanis me répond "non, non, on a trouvé qui est ce Dimitris, il n'y a pas de problème". Il y a en fait deux repères anarchistes clés à Kavala, et l'ami que Dimitris avait appelé se trouvait dans l'autre. Ils s'excusent par l'attitude et commencent leur réunion. Moi, je lis "La force de l'ordre" de Didier Fassin.

    Après la réunion, je les suis dans leur autre endroit-clé, une espèce de bar associatif exclusivement fréquenté par des anarchistes. Sur le chemin, je parle à Yanis, je m'intéresse au squat. Ils se sont approprié cette maison il y a huit ans. "Huit ans ?! Et pas de problème avec la police" ? Yanis sourit : "la première année si, ils sont venus, mais on les a cognés alors ils sont repartis".

    Finalement, j'ai eu un accueil sympathique.

    (Va faire ça en France...)

     

    Jour 9 : Pérégrinations

    Je me réveille seul dans la maison occupée et pars me balader dans la ville. Je me dirige vers la zone de la ville qui attirerait probablement n'importe quel nouveau visiteur : la colline avec le château. Je grimpe pendant peut-être vingt minutes. Des petites routes se croisent, parmi lesquelles des impasses me recalent, des faux raccourcis me draguent. Je marche au hasard, j'ai tout mon temps et je suis dépensier. Je finis par me trouver face à l'entrée du château sans même m'être demandé si je veux le visiter. Je me dis que ça dépendra du prix. C'était quelque chose comme deux euros, je ne pouvais qu'y aller.

    C'est un beau château du XVème siècle, avec une grande tour centrale offrant une magnifique vue sur Kavala et la mer Egée. J'ai fait d'incroyables découvertes durant cette visite. J'ai par exemple constaté qu'au XVème siècle, ils avaient une belle estrade avec des gradins et des éclairages au milieu du château, mais aussi des tables en plastique, un drapeau de la Grèce tenu par de gros câbles soudés, des pièces avec de jolis planchers et des fenêtres vitrées... Bordel, ils ne pourraient pas les laisser tels quels, ces châteaux du Moyen-Âge, ces restes de l'Histoire ?

    Bref, retour au squat, ils sont 4 ou 5 à bricoler dans la maison, alors je les aide. Je discute pas mal avec plusieurs personnes (qui vont et viennent jusqu'au soir). L'ambiance me plaît, tout comme le fait de donner un peu de moi-même pour aider ce groupe dont les idéaux semblent si proches des miens. On parle beaucoup de politique, des théories communiste et anarchiste, des manières dont elles s'incarnent en Grèce et en France. Les anarchistes grecs détestent les communistes parce qu'ils n'en connaissent que les énergumènes grecs : de véritables staliniens aux défilés militaires et aux idées rigides, sans doute fascistes pour certains. J'essaie de leur expliquer que les communistes français sont plus libertaires, ils essaient d'imaginer ce que ça peut vouloir dire. Pour eux, une phrase mêlant les mots "communisme" et "libertaire" relève de l'abstraction théorique, mais ils l'envisagent tout de même. La discussion est très intéressante.

    Le soir venu, chacun donne deux euros et nous mangeons ensemble.

     

    Jour 10 : Zi end

    Réveil similaire à celui de la veille. Je repars me balader, mais cette fois sur le côteau opposé au château. Aller dans les hauteurs m'attire toujours, d'une part pour les vues que ça offre, d'autre part parce que ça implique souvent de s'éloigner de la ville et que cette simple idée me donne pleine satisfaction. Je grimpe peut-être vingt minutes et constate que le seul moyen de poursuivre est de longer la route, ce qui ne m'intéresse pas tellement. Alors je m'assois là. En dessous, Kavala, et après Kavala, la mer. J'ouvre mon cours de grec et révise un peu.

    L'après-midi ressemble à celle de la veille, bricolage et discussions, au détail prêt qu'elle s'interrompt aux alentours de 18h lorsque je dois partir prendre mon bateau. Une fille d'ici part en même temps que moi pour Mytilène, elle y a sa famille et des amis, nous ferons le voyage ensemble. Arrivés au port, elle me laisse ses sacs et son chien le temps d'acheter son ticket. Deux hommes me regardent et s'approchent de moi, mes trois sacs et mon chien. Ils ont à la fois l'apparence de personnes qui pourraient très bien venir me demander l'heure ou une indication, et à la fois l'attitude trop confiante pour ça. "Bonjour, police". Evidemment... Questions banales, où je vais, pourquoi j'y vais, d'où je viens... Une fois sorties la carte d'identité française et la carte d'étudiant, je deviens subitement inintéressant. Encore deux blaireaux qui me prenaient pour un Bulgare. Ils restent quand même et attendent la fille qui m'accompagne. Ils la font entrer dans une petite salle proche des guichets et fouillent toutes ses affaires, sans rien oublier, pendant une bonne dizaine de minutes. Moi, rien, je tiens le chien. La fille n'a rien à se reprocher, on s'en va.

    Le jour où je veux faire passer de la drogue par bateau, je m'habille en costard et fais passer devant moi 3 punks et/ou Bulgares que les robots de la police se feront un plaisir de fouiller tandis que ma valisette pleine de cocaïne leur passera sous le nez. Bande d'abrutis.

    Arrivé à Mytilène le lendemain aux environs de 7h du matin, je rentre et me pose un peu. J'ai cours à 10h.


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  • Αθήνα (Athènes) : avant-goût

    Athènes, ce n'est pas en Crète. Mais partant de Mytilène, pas d'autre choix que d'y faire une escale pour ensuite prendre un deuxième bateau. Sinon, il y a l'avion qui est direct ; je ne crois pas nécessaire de préciser pourquoi presque personne ne le prend... Je suis avec deux filles de Mytilène que je connais vaguement et qui vont aussi en Crète, et nous descendons du bateau aux aurores, après une nuit courte et pas franchement reposante. Nous nous dirigeons vers une agence censée nous vendre des tickets pour Χανιά (Chania), Crète, départ à 10h30. Bien évidemment, la madame nous annonce que le bateau est annulé. Nous partirons donc le soir et voyagerons encore de nuit. D'ici là, pas d'autre choix que d'errer dans Athènes, bien que ni nos humeurs ni l'esthétique de la ville ne nous rendent cette optique particulièrement enthousiasmante.

    Nous jouons aux échecs dans un parc, entre débutants fatigués. Je suis en train de gagner, je lui ai pris presque tous ses pions dangereux. Un vieillard souriant se met à nous regarder jouer en silence. J'accentue mon avantage. Au bout de quelques coups, il se met à commenter un peu, puis un peu plus. Je domine clairement la partie et en suis à m'impatienter et à me demander comment achever mon adversaire. Le vieillard, lui, en est à expliciter de plus en plus sa pensée et à expliquer à mon adversaire ce qu'elle doit faire. Trois coups plus tard, je suis échec et mat et je regarde le petit vieux s'éloigner.

    En début d'après midi, Liza (l'une des deux filles) parvient à joindre un ami qui vit à Athènes et nous passe la clé de son chez lui avant de retourner travailler. Nous dormons là-bas quelques heures et rencontrons le colocataire dudit ami : Evangelos. Nous discutons, il est DJ, je fais du rap, nous échangeons des musiques, nous sympathisons. Evangelos est Crétois, il part en Crète ce soir aussi, mais dans le bateau pour Ρέθυμνο (Rethymno).

    Avant de prendre le bateau, j'appelle le couchsurfeur qui m'attend à Χανιά pour l'avertir que je n'arrive que demain matin, et pas ce soir. Il me dit que de toute façon il part voir sa famille et qu'il faudra plutôt que je contacte un ami à lui, Panagiotis, dont il me donne le numéro.

    Un début qui sent l'approximatif...

     

    Χανιά (Chania) : passage éclair

    Nous sommes arrivés. Les deux filles partent prendre le bus pour Rethymno puis Plakias, ville natale de Liza. Nous nous reverrons dans quelques jours peut-être. En attendant, il est 7 heures du matin et j'ai la journée devant moi pour visiter la ville, alos je m'attarde un peu dans le bateau.

    Après m'être baladé un peu partout, j'essaie à plusieurs reprises de contacter l'ami de mon couchsurfeur, en vain. Le plan ne sentait pas très bon, le doute se confirme. Je continue de me balader, l'endroit est sympa :

    L'endroit est sympa, n'empêche que ce certain Panagiotis ne répond toujours pas. Il doit être 15h30 ou 16h maintenant, et je décide tout simplement de partir. Je marche vers le sud et je déciderai où je vais selon les panneaux que je vois. Après 1 heure 30 de marche environ, je comprends que je ne suis pas vraiment parti vers le sud mais vers l'est. Je fais donc du stop vers Rethymno. Pas plus de cinq minutes plus tard, je suis en voiture avec un Crétois monolingue et je travaille mon grec.

    Il est perplexe lorsqu'à diverses questions comme "et après tu vas où ?" ou "tu vas voir quelqu'un à Rethymno ?", mes réponses se bornent à "je ne sais pas". Je n'ai pour autant pas l'air du tout perdu et je parais satisfait de mes non-projets. Il se demande quel énergumène il a embarqué avec lui. Il finit par me proposer de m'héberger. Surpris, je réponds par un simple "oui" sans engoûment particulier. Il répète qu'il peut m'héberger, qu'on se retrouve vers 21h dans Rethymno pour boire un coup et qu'ensuite je dors chez lui. Finalement, c'est sympa de sa part. Je prends son numéro, il me dépose à l'entrée de la ville. A tout à l'heure !

     

    Ρέθυμνο (Rethymno) : itinéraire d'un SDF

    Visite d'une deuxième ville dans la même journée, soit pas mal de marche après une nuit bien courte dans le bateau. Je décide donc d'aller piquer un somme sur la plage presque vide.

    Reposé, je recontacte mon supposé hôte. D'abord il ne décroche pas, puis, lorsque je rappelle, m'explique que finalement il ne sort pas parce qu'il a du travail. Précision : le type m'a expliqué dans la voiture qu'il était serveur dans une taverne à Chania, on peut dès lors se demander quel genre de travail il peut bien avoir à faire chez lui... Bref. Je ne lui avais rien demandé, il n'aurait jamais dû me proposer de m'héberger s'il n'en avait pas envie.

    Il est donc 21h30 et je ne sais pas où je dormirai ce soir. Je ne suis toutefois pas réticent à l'idée de sortir mon sac de couchage et de trouver un coin sur la plage. Mais avant ça, si vous avez bien suivi, il me reste une dernière option... Alors ?

    Evangelos, rencontré hier à Athènes ! Je le retrouve, nous buvons une bière avec ses amis. Nous discutons. Je dis que demain, je veux partir vers le sud parce qu'il paraît que c'est le plus joli en Crète. Evangelos me donne des conseils et me dit qu'eux aussi vont peut-être y aller demain, en voiture, pour la journée. L'un de ses amis légèrement alcoolisé (sic) accepte de m'héberger. Dans la voiture, il fume son joint et envoie de l'hardtech, j'ai le sourire. Il m'installe dans son salon et me dit qu'il dormira jusqu'à 15h, que je n'ai qu'à partir quand je me réveille.

    A 10h30 du matin, je m'apprête à quitter la ville. J'appelle Evangelos au cas où il partirait aussi vers le sud : pas de réponse, sans surprise. Je pars vers la sortie de la ville pour faire du stop. Je tends le pouce mais m'impatiente régulièrement et reprends la marche, puis retente le stop, puis marche, puis fais les deux en même temps. Finalement, je marche peut-être 2 kilomètres avant que deux femmes ne s'arrêtent. Elles me déposent à 20 kilomètres de Plakias, mon objectif du jour, sur une route visiblement peu empruntée. Ce n'est pas grave, je suis d'humeur à marcher, et même ces 20 kilomètres ne m'effraient pas plus que ça. Cette intuition est plutôt bonne lorsque l'on sait à quoi ressemble le paysage que je m'apprête à traverser quelques kilomètres plus loin...

    Mais qu'est-ce que cette petite tache blanche au milieu de ce paysage rocheux ? Réponse : ce qu'on trouve plus souvent en Grèce que des boulangeries ou des bureaux de tabac !

    Il n'y a pas d'endroit en Grèce sans monastère ou petite église... Je n'aimerais pas avoir pour mission de les recenser, ce serait un calvaire. Même dans les forêts, dans les gorges, on en trouve à coup sûr.

    Et puis plus loin, un petit chemin avec des escaliers pour descendre dans les gorges... Et que vois-je en contrebas ?

    Deux tentes ! Et on ne le voit pas bien sur les photos, mais deux personnes sont également là, occupées à je ne sais quoi. Je descends !

    Ce chemin ne part pas vers les tentes...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    ... Il semble même s'arrêter là...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    ... A moins que...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    ... Bordel, encore une église !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Mais le vrai intérêt de ce petit détour n'arrive que quelques dizaines de mètres plus loin.

     

    N'empêche que je ne suis pas du tout à l'endroit de ces deux tentes dont je voudrais bien aller discuter avec les propriétaires... Alors j'essaie d'autres voies, j'explore.

     

    J'explore, j'explore, et je ne trouve définitivement pas comment ces deux barroudeurs se sont retrouvés là-bas... Je me dis qu'il doit me rester environ 14 kilomètres à parcourir jusqu'à Plakias et que la nuit devrait arriver dans à peu près 3 heures. Je ne peux pas m'éterniser ici. Je suis frustré, mais il faut que je parte ; tant pis, la balade a été jolie.

    La suite du trajet est moins excitante. Je marche sur le bord de la route, vois la mer apparaître au loin puis se rapprocher doucement. A 2 ou 3 kilomètres de Plakias, je rencontre un Français qui marche dans la même direction que moi. Il est à Plakias depuis une semaine, dans une auberge de jeunesse, et se balade dans les environs. Il me dit que l'auberge n'est pas chère, qu'il y règne une ambiance très conviviale entre des voyageurs d'un peu partout.

     

    Πλακιάς (Plakias) : session vacances de luxe

    C'est une petite ville qui ne semble vivre que du tourisme. Partout, des tavernes et des chambres à louer, mais peu de gens, nous ne sommes qu'en avril.

    Je suis toujours avec mon compagnon de route français, nous buvons une bière face à la mer. Plus de vingt kilomètres de marche pour moi aujourd'hui, me poser me fait du bien. J'appelle Liza. Pourquoi j'appelle Liza ? Vous avez suivi, cette fois ?

    Bien sûr, Plakias est la ville natale de Liza, je l'ai dit avant ! C'est pourquoi j'ai choisi cette ville plus qu'une autre : c'est le seul contact que j'ai dans le sud de la Crète, le couchsurfing s'étant révélé inefficace à cause de Pâques, fête essentielle en Grèce. J'appelle Liza, donc, je lui dis que je suis là et qu'on peut se voir demain.

    Le soir, je me retrouve dans cette auberge de jeunesse en effet très sympa. Je suis un peu dépassé par le niveau d'anglais des gens. Parler anglais avec un Grec, une Estonienne, une Espagnole, comme je le fais au quotidien à Mitilini, ça va. Mais avec une Canadienne, un Anglais ou un Américain, ça relève franchement de la performance. Rien que de comprendre tout ce qu'ils disent me demande un effort notable. Pour vous donner une idée, ça sonne à peu près comme ça :

    Et je n'exagère pas tant que ça !

    Bref, nous partons dans une taverne puis dans un bar. Je me sens un peu en décalage par rapport à ces gens, comme si nous n'étions pas là pour les mêmes choses. J'ai l'impression qu'ils veulent juste faire du tourisme et profiter du beau temps et de la mer et qu'ils se foutent éperdûment de la culture grecque. Dans la taverne, par exemple, ils commandent un plat chacun... D'habitude, surtout lorsqu'on est si nombreux, on commande un peu de tout et chacun pioche ce qu'il veut dans les assiettes qu'il veut. Et je vous jure que lorsque vous connaissez les manières habituelles et l'ambiance qui en découle, il devient absurde voire frustrant de retourner à la pratique du plat individuel... Mais même avec ma proposition, ils ne semblent pas disposés à essayer la manière grecque. Du coup, un peu déçu et ayant mangé un sandwich une ou deux heures avant, je décide de ne rien prendre.

    Lorsque je me lève le lendemain, une mauvaise surprise vient plomber mes projets de vadrouilles : la pluie. Cette journée sera (trop) calme. J'écris, je révise mes cours de grec, je lis. RAS.

    En fin d'après-midi, je vois Liza, elle m'hébergera ce soir. Ce que je ne sais pas, c'est que son père est propriétaire d'un bel hôtel et que je m'apprête à y dormir gratuitement. Petite session luxueuse avant de reprendre la route...


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